Malaises mortels au travail : l’INRS publie une étude visant à mieux comprendre leur origine pour renforcer leur prévention

Publié le 11/02/2025 à 16:49
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Temps de lecture : 4 min

Alors que plus de la moitié des accidents du travail mortels résultent d’un malaise, l’INRS a publié en décembre 2024 une analyse qualitative des malaises mortels survenus au travail entre 2012 et 2022. L’objectif : mieux identifier leurs causes pour renforcer leur prévention en entreprise.

Qui sont les principales victimes de malaises mortels au travail ?

En 2021, 56 % des accidents du travail mortels enregistrés ont été qualifiés de malaises mortels. Il s’agit de décès survenus sur le lieu de travail ou à l’occasion du travail sans cause externe identifiée (choc, intoxication, électrocution, chute, etc.). 

Pour mieux qualifier ces malaises mortels et identifier leurs causes, l’INRS a exploité les données figurant dans la base nationale EPICEA pour les 143 malaises mortels qui y sont répertoriés, survenus entre 2012 et 2022. Soit 4 à 18 malaises mortels chaque année. 

Rappel

La base EPICEA (« Etudes de prévention par l’informatisation des comptes rendus d’accidents ») est une base de données nationale rassemblant plus de 26 000 cas d’accidents du travail survenus depuis 1990 à des salariés du régime général. 

L’étude révèle notamment que dans 93,7 % des cas, les victimes de malaises mortels en milieu professionnel sont des hommes. L’âge médian de survenue du décès étant de 51 ans. Trois métiers sont particulièrement concernés : 

  • les conducteurs de poids-lourds et de camions (près de 20 % des cas) ;
  • les mĂ©tiers qualifiĂ©s du bâtiment et assimilĂ©s (près de 6 % des cas) ;
  • les Ă©lectriciens du bâtiment et assimilĂ©s (près de 3 % des cas).

20 % des salariés concernés avaient des horaires atypiques (soir, nuit, week-end, etc.), avec notamment un travail posté. Par ailleurs, dans 3 cas sur 4, la victime se trouvait éloignée de ses collègues ou d’autres personnes au moment de la survenue du malaise et dans 17,5 % des cas, il s’agissait d’un travailleur isolé. 

Bien qu’aucun diagnostic médical ne figure dans la base EPICEA, l’étude des cas enregistrés montre qu’il s’agit principalement de morts subites, le mécanisme le plus probable étant l’infarctus du myocarde (IDM).

Comment limiter la survenance des malaises mortels au travail ?

Les auteurs constatent que l’exposition des salariés à de nombreux facteurs de risques professionnels peut favoriser, à court, moyen ou long terme, la survenue de maladies coronariennes (ex : athérosclérose), notamment en cas d’exposition chronique. Parmi les principaux facteurs de risques identifiés, on retrouve notamment : 

  • les risques psychosociaux (RPS) ;
  • les horaires atypiques, le travail de nuit et/ou postĂ© pouvant ĂŞtre associĂ©s Ă  une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires ;
  • les postures sĂ©dentaires : l’INRS rappelle que le manque d’activitĂ© physique est considĂ©rĂ© par l’OMS comme le 4e facteur de risque de mortalitĂ© prĂ©maturĂ©e ;
  • les ambiances thermiques (exposition au froid ou Ă  la chaleur) ;
  • le bruit : une Ă©tude SUMER de SantĂ© Publique France de 2016-2017 a notamment montrĂ© qu’une exposition au bruit supĂ©rieure Ă  80 dB avait un effet sur le système cardiovasculaire ;
  • les polyexpositions, soit l’exposition simultanĂ©e Ă  plusieurs facteurs de risques (par exemple, le froid et le bruit).

L’analyse des enquêtes menées par les contrôleurs de sécurité à l’occasion de la survenance des malaises mortels et transcrites dans la base EPICEA montre que dans 50 % des cas, des lacunes en matière de prévention des risques existaient dans l’entreprise. Les principales mesures de prévention préconisées concernent notamment : 

  1. L’amélioration de la prévention des risques dans l’entreprise : évaluation exhaustive des risques, rédaction et mise à jour du DUERP, mécaniser certaines tâches ;
  2. L’amélioration de l’organisation des secours : former des sauveteurs secouristes du travail, renforcer le matériel de premiers secours ;
  3. L’accompagnement psychologique des travailleurs : mise en place d’une cellule de soutien psychologique en lien avec le SPST ;
  4. Le suivi effectif de l’état de santé des travailleurs : l’âge médian des victimes étant de 51 ans, cela montre selon les auteurs tout l’intérêt de la visite de mi-carrière qui « peut être l’occasion d’évaluer le risque cardiovasculaire du travailleur et le retentissement des contraintes professionnelles auxquelles il est, ou a été, exposé ».

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INRS, Malaises mortels au travail : apports de la base EPICEA, décembre 2024

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Clara Godin

Juriste, rédactrice en droit de l’environnement et santé-sécurité au travail

Titulaire du Master 2 en droit de l’environnement de l’Université Paris-Saclay, j’ai d’abord exercé en bureau d’études en tant que juriste consultante hygiène-sécurité-environnement (HSE). J’exerce …

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