Malaises mortels au travail : l’INRS publie une étude visant à mieux comprendre leur origine pour renforcer leur prévention
Alors que plus de la moitié des accidents du travail mortels résultent d’un malaise, l’INRS a publié en décembre 2024 une analyse qualitative des malaises mortels survenus au travail entre 2012 et 2022. L’objectif : mieux identifier leurs causes pour renforcer leur prévention en entreprise.
Qui sont les principales victimes de malaises mortels au travail ?
En 2021, 56 % des accidents du travail mortels enregistrĂ©s ont Ă©tĂ© qualifiĂ©s de malaises mortels. Il s’agit de dĂ©cès survenus sur le lieu de travail ou Ă l’occasion du travail sans cause externe identifiĂ©e (choc, intoxication, Ă©lectrocution, chute, etc.).Â
Pour mieux qualifier ces malaises mortels et identifier leurs causes, l’INRS a exploitĂ© les donnĂ©es figurant dans la base nationale EPICEA pour les 143 malaises mortels qui y sont rĂ©pertoriĂ©s, survenus entre 2012 et 2022. Soit 4 Ă 18 malaises mortels chaque annĂ©e.Â
Rappel
La base EPICEA (« Etudes de prĂ©vention par l’informatisation des comptes rendus d’accidents ») est une base de donnĂ©es nationale rassemblant plus de 26 000 cas d’accidents du travail survenus depuis 1990 Ă des salariĂ©s du rĂ©gime gĂ©nĂ©ral.Â
L’étude rĂ©vèle notamment que dans 93,7 % des cas, les victimes de malaises mortels en milieu professionnel sont des hommes. L’âge mĂ©dian de survenue du dĂ©cès Ă©tant de 51 ans. Trois mĂ©tiers sont particulièrement concernĂ©s :Â
- les conducteurs de poids-lourds et de camions (près de 20 % des cas) ;
- les métiers qualifiés du bâtiment et assimilés (près de 6 % des cas) ;
- les électriciens du bâtiment et assimilés (près de 3 % des cas).
20 % des salariĂ©s concernĂ©s avaient des horaires atypiques (soir, nuit, week-end, etc.), avec notamment un travail postĂ©. Par ailleurs, dans 3 cas sur 4, la victime se trouvait Ă©loignĂ©e de ses collègues ou d’autres personnes au moment de la survenue du malaise et dans 17,5 % des cas, il s’agissait d’un travailleur isolĂ©.Â
Bien qu’aucun diagnostic médical ne figure dans la base EPICEA, l’étude des cas enregistrés montre qu’il s’agit principalement de morts subites, le mécanisme le plus probable étant l’infarctus du myocarde (IDM).
Comment limiter la survenance des malaises mortels au travail ?
Les auteurs constatent que l’exposition des salariĂ©s Ă de nombreux facteurs de risques professionnels peut favoriser, Ă court, moyen ou long terme, la survenue de maladies coronariennes (ex : athĂ©rosclĂ©rose), notamment en cas d’exposition chronique. Parmi les principaux facteurs de risques identifiĂ©s, on retrouve notamment :Â
- les risques psychosociaux (RPS) ;
- les horaires atypiques, le travail de nuit et/ou posté pouvant être associés à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires ;
- les postures sédentaires : l’INRS rappelle que le manque d’activité physique est considéré par l’OMS comme le 4e facteur de risque de mortalité prématurée ;
- les ambiances thermiques (exposition au froid ou à la chaleur) ;
- le bruit : une étude SUMER de Santé Publique France de 2016-2017 a notamment montré qu’une exposition au bruit supérieure à 80 dB avait un effet sur le système cardiovasculaire ;
- les polyexpositions, soit l’exposition simultanée à plusieurs facteurs de risques (par exemple, le froid et le bruit).
L’analyse des enquĂŞtes menĂ©es par les contrĂ´leurs de sĂ©curitĂ© Ă l’occasion de la survenance des malaises mortels et transcrites dans la base EPICEA montre que dans 50 % des cas, des lacunes en matière de prĂ©vention des risques existaient dans l’entreprise. Les principales mesures de prĂ©vention prĂ©conisĂ©es concernent notamment :Â
- L’amélioration de la prévention des risques dans l’entreprise : évaluation exhaustive des risques, rédaction et mise à jour du DUERP, mécaniser certaines tâches ;
- L’amélioration de l’organisation des secours : former des sauveteurs secouristes du travail, renforcer le matériel de premiers secours ;
- L’accompagnement psychologique des travailleurs : mise en place d’une cellule de soutien psychologique en lien avec le SPST ;
- Le suivi effectif de l’état de santé des travailleurs : l’âge médian des victimes étant de 51 ans, cela montre selon les auteurs tout l’intérêt de la visite de mi-carrière qui « peut être l’occasion d’évaluer le risque cardiovasculaire du travailleur et le retentissement des contraintes professionnelles auxquelles il est, ou a été, exposé ».
Pour sensibiliser les salariés aux gestes qui sauvent et les informer de la conduite à tenir s’ils sont victimes ou témoins d’une situation d’urgence, les Editions Tissot vous proposent leur fascicule « Porter secours : sensibilisation aux gestes d’urgence ».
INRS, Malaises mortels au travail : apports de la base EPICEA, décembre 2024
Juriste, rédactrice en droit de l’environnement et santé-sécurité au travail
Titulaire du Master 2 en droit de l’environnement de l’Université Paris-Saclay, j’ai d’abord exercé en bureau d’études en tant que juriste consultante hygiène-sécurité-environnement (HSE). J’exerce …
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