Avis d'inaptitude : le délai de recours de 15 jours est inopposable en cas de notification irrégulière
Temps de lecture : 3 min
Le salarié dispose, par principe, d'un délai de 15 jours pour contester l'avis d'inaptitude émis par le médecin du travail. Pour autant, encore faut-il que cet avis lui ait été régulièrement notifié. A défaut, la menace de l'inopposabilité du délai de recours pèsera sur l'employeur.
Contestation de l'avis d'inaptitude : un recours enserré dans un délai de 15 jours
Le mĂ©decin du travail peut constater l’inaptitude d’un salariĂ© Ă l’issue d’un ou de deux examens mĂ©dicaux. Auquel cas, l’avis Ă©mis par ce dernier devra :Â
- sur la forme : être transmis au salarié et à l'employeur par tout moyen conférant date certaine ;
- sur le fond : mentionner les voies et le délai dans lesquels ces derniers pourront, le cas échéant, le contester devant le juge prud’homal.
Rappel
Chaque partie dispose, à compter de la notification de l’avis, d’un délai de 15 jours pour saisir le conseil de prud’hommes territorialement compétent.
Pour revenir sur les modalités de transmission de l’avis d’inaptitude, le médecin du travail bénéficie donc d’une certaine latitude. En effet, ce dernier peut parfaitement décider :
- de procéder à l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception ;
- de remettre directement l’avis en main propre contre émargement ou récépissé.
Mais attention, le médecin du travail doit redoubler de vigilance s’il décide d’emprunter la voie de la remise en main propre. Et pour cause, une notification irrégulière de l’avis aura une incidence directe sur le déclenchement du délai de recours.
Illustration avec une décision rendue par la Cour de cassation le 4 décembre 2024.
Avis d'inaptitude : neutralisation du délai de recours en cas de notification irrégulière
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Contestation de l'avis d'inaptitude : un recours enserré dans un délai de 15 jours
Le mĂ©decin du travail peut constater l’inaptitude d’un salariĂ© Ă l’issue d’un ou de deux examens mĂ©dicaux. Auquel cas, l’avis Ă©mis par ce dernier devra :Â
- sur la forme : être transmis au salarié et à l'employeur par tout moyen conférant date certaine ;
- sur le fond : mentionner les voies et le délai dans lesquels ces derniers pourront, le cas échéant, le contester devant le juge prud’homal.
Rappel
Chaque partie dispose, à compter de la notification de l’avis, d’un délai de 15 jours pour saisir le conseil de prud’hommes territorialement compétent.
Pour revenir sur les modalités de transmission de l’avis d’inaptitude, le médecin du travail bénéficie donc d’une certaine latitude. En effet, ce dernier peut parfaitement décider :
- de procéder à l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception ;
- de remettre directement l’avis en main propre contre émargement ou récépissé.
Mais attention, le médecin du travail doit redoubler de vigilance s’il décide d’emprunter la voie de la remise en main propre. Et pour cause, une notification irrégulière de l’avis aura une incidence directe sur le déclenchement du délai de recours.
Illustration avec une décision rendue par la Cour de cassation le 4 décembre 2024.
Avis d'inaptitude : neutralisation du délai de recours en cas de notification irrégulière
A travers cette décision, la Cour de cassation est venue rappeler que, pour faire courir le délai de recours de 15 jours à l'encontre d'un avis d'inaptitude, la remise en main propre de cet avis doit être faite contre émargement ou récépissé.
Cette solution tombe sous le sens. En effet, en l’absence d’émargement ou de rĂ©cĂ©pissĂ©, il n’est pas possible de confĂ©rer une date certaine Ă la remise de l’avis. Ce qui, par consĂ©quent, prive le dĂ©lai de recours d’un point de dĂ©part et l’empĂŞche, plus largement, de courir.Â
Mais quelle est donc la conséquence pratique de cette solution ?
Dans l’affaire soumise à la chambre sociale, un salarié déclaré inapte le 13 mai 2022 avait décidé de contester l’avis émis par le médecin du travail deux mois plus tard.
En première et seconde instance, son recours est jugĂ© irrecevable car prĂ©sentĂ© hors dĂ©lai. Seulement, la Cour de cassation va considĂ©rer que la solution inverse aurait dĂ» ĂŞtre retenue.Â
D’après cette dernière, ce délai n’avait, en réalité, jamais commencé à courir puisqu’aucun émargement ou récépissé n’avait accompagné la remise de l’avis d’inaptitude.
Cette irrĂ©gularitĂ© neutralisait donc l’application du dĂ©lai de recours et autorisait, de ce fait, le salariĂ© Ă introduire son action au-delĂ des 15 jours thĂ©oriquement impartis.Â
A ce stade, il nous semble opportun de rappeler que la Cour de cassation, en dĂ©cembre 2023, avait Ă©galement retenu que le dĂ©lai de recours n’était pas opposable au salariĂ© lorsque l’avis d’inaptitude ne lui avait pas Ă©tĂ© pas personnellement remis.Â
Plus que jamais, les professionnels de santé au travail et les employeurs ne doivent pas sous-estimer l’importance de cette étape. Pour en savoir davantage sur les conséquences attachées à l’inaptitude d’un salarié, les Editions Tissot vous conseillent leur documentation « Santé et sécurité au travail ACTIV ».
Cour de cassation, chambre sociale, 4 dĂ©cembre 2024, n° 23-18.128 (pour constituer la notification faisant courir le dĂ©lai de recours de quinze jours Ă l'encontre d'un avis d'aptitude ou d'inaptitude, la remise en main propre de cet avis doit ĂŞtre faite contre Ă©margement ou rĂ©cĂ©pissĂ©)Â
Juriste en droit social et rédacteur au sein des Editions Tissot
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