Rapport annuel de la Cour de cassation : les suggestions de réformes qui intéressent les représentants du personnel
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Au deuxième trimestre 2024, la Cour de cassation a publié son rapport annuel de l’année 2023. Il comporte deux principales propositions de réformes en matière de représentation du personnel.
La procédure de contestation du coût définitif de l’expertise comptable réalisée à l’initiative du CSE par l’employeur
La première suggestion de réforme qui intéresse les représentants du personnel concerne la procédure de contestation, par l’employeur, du coût définitif des expertises comptables engagées à l’initiative du comité social et économique (CSE).
Le CSE peut recourir Ă un expert-comptable ou Ă un expert habilitĂ© :Â
dans le cadre de ses consultations rĂ©currentes ;Â
dans un cadre plus ponctuel d’exercice du droit d’alerte économique, de licenciement collectif pour motif économique, ou encore lorsqu’un risque grave, identifié et actuel est constaté.
En l’état actuel du droit, lorsque des litiges s’élèvent autour de cette expertise, l’employeur a 10 jours pour saisir la justice, et la procédure est alors accélérée c’est-à -dire traitée dans un court laps de temps, par le Président du tribunal judiciaire directement. En effet, le juge statue dans les 10 jours suivant sa saisine.
Relèvent, en effet, de ce qu’on appelle la procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e au fond devant le prĂ©sident du tribunal judiciaire :Â
la contestation de la nécessité de l’expertise ;
la contestation du choix de l’expert ;
la contestation du coĂ»t prĂ©visionnel, de l’étendue ou la durĂ©e de l’expertise.Â
Seule la contestation du coût définitif de l’expertise par l’employeur échappe à cette procédure .
Ce type de contestation est donc soumis à la procédure écrite ordinaire devant le tribunal judiciaire, une procédure « inadaptée à ce type de contestation qui requiert célérité » c’est à dire qui requiert d’être traitée rapidement, selon la chambre sociale de la Cour de cassation.
Elle suggère, par consĂ©quent, de modifier la loi pour que l’ensemble des contentieux de la contestation par l’employeur des expertises ordonnĂ©es par le CSE relève de la compĂ©tence du prĂ©sident du tribunal judiciaire et soit soumis Ă la procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e au fond.Â
Cette proposition d’uniformisation du traitement des litiges en matière d’expertise est soutenue par la Direction gĂ©nĂ©rale du travail (DGT) et par la Direction des affaires civiles et du sceau (DACS).Â
Compétence et procédure applicable en matière de contestation des désignations des représentants de proximité
La deuxième suggestion de réforme aborde la question de la compétence et de la procédure applicable en matière de contestation des désignations des représentants de proximité.
Les représentants de proximité interviennent dans les entreprises dotées d’un CSE. Leur mise en place est facultative et suppose un accord entre l’employeur et les organisations syndicales. Leur rôle dépend de l’accord qui les institue.
Aucun texte n’organise spécialement la procédure applicable en cas de contestation de la désignation des représentants de proximité.
La Cour de cassation était venue pallier ce vide juridique en précisant, dans un arrêt du 1er février 2023, que les contestations relatives aux conditions de désignation des représentants de proximité :
devaient être formées devant le tribunal judiciaire statuant sur requête, les parties étant dispensées de constituer avocat (soit une procédure différente de celle des membres du CSE) ;
et qu’elles sont de la compétence du tribunal judiciaire du lieu où la désignation est destinée à prendre effet, peu important les modalités de cette désignation définies par accord.
La chambre sociale, dans son rapport suggère que « les modalitĂ©s de contestation de la dĂ©signation d’un reprĂ©sentant de proximitĂ© soient expressĂ©ment prĂ©vues par les dispositions rĂ©glementaires du code du travail ».Â
La DACS, quant à elle, souligne le fait que les représentants de proximité partagent de nombreux points communs avec les membres élus du CSE et les représentants syndicaux, notamment, la durée de leur mandat et la protection légale contre le licenciement des salariés protégés.
Selon elle, « rien ne justifie qu’un régime procédural différent soit appliqué à la contestation de leur désignation ».
La DACS, en accord avec la position de la chambre sociale et la DGT, propose ainsi d’expliciter cette procĂ©dure dans le Code du travail, suggĂ©rant que les contestations des reprĂ©sentants de proximitĂ© soient soumises aux mĂŞmes règles que celles concernant les autres reprĂ©sentants du CSE.Â
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Rapport annuel 2023 de la Cour de cassation du 3 juillet 2024 ,Propositions de réforme en matière civile pour la chambre sociale
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