QUESTION, RÉPONSE

Ai-je le droit de créer un poste de travail afin de reclasser un salarié inapte ?

Publié le 28/09/2023 à 06:39 dans Inaptitude professionnelle.

Temps de lecture : 3 min

Obligation de reclassement : rappels

Sous réserve d’une dispense expresse du médecin du travail, la déclaration d’inaptitude d’un salarié vous soumet à une obligation de reclassement.

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Pour être libéré de cette obligation, l’une des deux mentions suivantes doit figurer sur l’avis d’inaptitude :

  • « Tout maintien du salariĂ© dans un emploi serait gravement prĂ©judiciable Ă  sa santĂ© » ;
  • « L’état de santĂ© du salariĂ© fait obstacle Ă  tout reclassement dans un emploi ».

Afin d’y satisfaire, vous devez proposer à ce dernier, de manière sérieuse et loyale, un autre emploi :

  • appropriĂ© Ă  ses capacitĂ©s ;
  • aussi comparable que possible Ă  l'emploi prĂ©cĂ©demment occupĂ© au besoin par la mise en Ĺ“uvre de mesures telles que les mutations, amĂ©nagements, adaptations ou transformations de postes existants ou amĂ©nagement du temps de travail ;
  • prenant en compte, après avis du CSE, les conclusions Ă©crites du mĂ©decin du travail et ses indications sur les capacitĂ©s du salariĂ© ;
  • disponible au sein de l'entreprise ou des entreprises du groupe auquel elle appartient le cas Ă©chĂ©ant.

Notez le

Une seule proposition de reclassement conforme suffit Ă  justifier le respect de votre obligation.

Ainsi, force est de constater que la loi ne vous impose nullement d’envisager la création d’un nouveau poste de travail à cette occasion. Ce qui, toutefois, ne permet pas d’en déduire une interdiction absolue.

Obligation de reclassement : la création d’un nouveau poste de travail est possible

Oui, la création d’un nouveau poste de travail peut vous permettre de satisfaire à votre obligation de reclassement.

C’est à la condition, toutefois, que le poste réponde aux critères précités. La création n’est pas un gage d’exemption.

Dans le cas contraire, vous manquez à votre obligation de reclassement dans la mesure où votre offre n’est pas formulée de manière sérieuse et loyale. Cela signifie, également, que l’éventuel licenciement en découlant serait dépourvu de cause réelle et sérieuse.

A ce titre, la Cour de cassation a récemment affirmé que l’employeur devait, dans cette hypothèse, s’assurer de la compatibilité du poste aux préconisations du médecin du travail, le cas échéant en sollicitant son avis.

Illustration

En l’espèce, un employeur avait spécialement créé un poste d’assistant administratif afin de reclasser un salarié plombier-chauffagiste. Or, l’arrêt révèle que ce dernier ne s’était pas assuré, auprès du médecin du travail, de la compatibilité du poste avec l’état de santé du salarié ou des possibilités d’aménagements envisageables. Par conséquent, son obligation de reclassement n’était pas remplie (Cass. soc., 21 juin 2023, n° 21-24.279).

Pour en savoir davantage sur la gestion d’une procédure d’inaptitude, les Editions Tissot vous proposent leur documentation « Santé et sécurité au travail ACTIV ».

Portraits Tissot 046 2023 Gilles Piel 2

Axel Wantz

Juriste en droit social et rédacteur au sein des Editions Tissot