Suivi de l'état de santé des salariés : le ministère du Travail remanie son questions-réponses
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Le ministère du Travail a dĂ©cidĂ© de remanier son questions-rĂ©ponses dĂ©diĂ© au suivi de l’état de santĂ© des salariĂ©s. Une thĂ©matique qui demeure sujette Ă de nombreuses interrogations de la part des SPST, des employeurs et des salariĂ©s. DĂ©clinĂ© en cinq volets et dotĂ© d’un tableau de synthèse, ce nouveau Q-R n’a nĂ©anmoins pas Ă©tĂ© bouleversĂ© dans son contenu.Â
Compétences des professionnels de santé au travail
Plusieurs précisions intéressantes sont formulées par le ministère du Travail dans le cadre de cette première salve de questions.
S’agissant, de prime abord, des fonctions dĂ©volues au collaborateur mĂ©decin. Dans la mesure oĂą celles-ci sont identiques Ă celles confĂ©rĂ©es au mĂ©decin du travail, le questions-rĂ©ponses indique que toutes les occurrences « le mĂ©decin du travail », prĂ©sentes dans le Code du travail, doivent s’entendre comme « le mĂ©decin du travail et le collaborateur mĂ©decin ».Â
Rappel
Le collaborateur médecin est un médecin non spécialiste en médecine du travail et engagé dans une formation en vue de l'obtention de cette qualification. Il exerce les missions que lui confie le médecin du travail dans le cadre d’un protocole écrit et validé par ce dernier.
Concernant, d’autre part, les internes en mĂ©decine du travail, le questions-rĂ©ponses rappelle que ces derniers peuvent Ă©mettre des avis. Mais il conditionne toutefois cette dĂ©lĂ©gation Ă l’obligation de mentionner, clairement, le nom du mĂ©decin du travail maĂ®tre de stage. Et pour cause, un interne n’est ni docteur en mĂ©decine, ni inscrit Ă l’ordre des mĂ©decins.Â
Le cas des mĂ©decins praticiens correspondants (MPC) est Ă©galement envisagĂ© par la suite, et ce, de manière inĂ©dite. Pour mĂ©moire, le MPC est un mĂ©decin qui, bien que non spĂ©cialisĂ© en mĂ©decine du travail, dispose d’une formation en santĂ© au travail. Aussi, il est amenĂ©, dans le cadre d’un protocole de collaboration, Ă intervenir dans le suivi individuel de l’état de santĂ© du salariĂ©, exception faite du suivi individuel renforcĂ© (SIR).Â
Important
La conclusion d’un protocole de collaboration n'est autorisée que dans des zones caractérisées par un nombre insuffisant ou une disponibilité insuffisante de médecins du travail pour répondre aux besoins du suivi médical des travailleurs.
Plusieurs points sont alors dĂ©veloppĂ©s. L’impossibilitĂ©, tout d’abord, pour le MPC de cumuler sa fonction avec celle de mĂ©decin traitant de « salariĂ©s suivis dans le cadre de sa collaboration ». Le constat, ensuite, que la mise en Ĺ“uvre de ce dispositif reste Ă ce jour suspendue Ă la parution d’un arrĂŞtĂ© :Â
- définissant le modèle du protocole de collaboration ;
- déterminant les montants minimaux et maximaux de la rémunération due au MPC.
Visites d’information et de prévention (VIP)
Le volet relatif aux visites d’information et de prĂ©vention (VIP) offre Ă©galement son lot de prĂ©cisions.Â
Rappel
La visite d’information et de prévention est destinée aux salariés faisant l’objet d’un suivi individuel simple (SIS) ou d’un suivi individuel adapté (SIA).
Dans un premier temps, il est intĂ©ressant de noter que le ministère du Travail explicite la formulation « orientĂ©e sans dĂ©lai vers le mĂ©decin du travail ». RĂ©servĂ©e Ă l’hypothèse dans laquelle un professionnel de santĂ©, autre que le mĂ©decin du travail, rĂ©aliserait la VIP, elle signifie :Â
- qu’un rendez-vous avec le médecin du travail doit être immédiatement programmé dans les meilleurs délais ;
- mais aussi que ce rendez-vous peut avoir lieu immédiatement après le rendez-vous initial.
Sur le sujet, plus technique, de l’exposition des salariés aux agents biologiques du groupe 2, le Q-R indique qu’il n’existe pas de liste répertoriant les métiers exposant spécifiquement à ces agents. Il est néanmoins précisé qu’ils peuvent se retrouver dans les secteurs suivants : tri des déchets, travail dans le milieu agricole, travail au contact d’animaux, laboratoire d’anatomie pathologique, personnel d’entretien et de maintenance, etc. Pour rappel, ces agents sont à l’origine de maladies telles que la grippe, la gastroentérite ou encore l’hépatite A.
Spécificités du suivi individuel renforcé (SIR)
Rappelons-le, tout salarié affecté à un poste de travail présentant des risques particuliers pour sa santé ou sa sécurité, ou pour celles de ses collègues, bénéficie d’un suivi individuel renforcé de son état de santé. Lequel emporte, notamment, l’organisation d’un examen médical d'aptitude qui se substitue à la VIP. Une liste des postes présentant de tels risques doit être arrêtée par l’employeur.
Le Code du travail exprime, en des termes succincts, l’idĂ©e que sont concernĂ©s par le SIR les salariĂ©s dont le poste de travail est soumis Ă la rĂ©alisation d’un examen d'aptitude spĂ©cifique. A travers son questions-rĂ©ponses, le ministère du Travail dĂ©cline les postes qui, en l’état actuel des textes, sont concernĂ©s par cette disposition. A savoir notamment :Â
- les postes occupés par les jeunes travailleurs affectés à des travaux réglementés (ex : exposition à la poussière d’amiante, travaux en hauteur) ;
- les postes soumis à autorisation de conduite pour l’utilisation de certains équipements de travail mobiles ou servant au levage (ex : grues mobiles, grues à tour, engins de chantier) ;
- les postes occupés par des travailleurs habilités pour effectuer des opérations sur les installations électriques ou dans leur voisinage.
Le ministère du Travail précise, par ailleurs, que même si le médecin du travail décide de réorienter un salarié vers un suivi individuel renforcé, il ne lui appartient pas de compléter la liste des postes à risques. La fixation de cette liste relève de la seule compétence de l’employeur.
Toujours sur le thème de la liste des postes Ă risque, il est signalĂ©, s’agissant des entreprises de moins de 11 salariĂ©s dĂ©pourvues de reprĂ©sentants du personnel, que l’employeur doit la constituer après avoir recueilli le seul avis du mĂ©decin du travail.Â
Autres visites et examens
A travers cette quatrième sĂ©rie de questions, le ministère du Travail s’intĂ©resse Ă la visite mĂ©dicale de prĂ©reprise et rĂ©affirme sa position selon laquelle cet examen « ne peut donner lieu Ă la constatation d’une aptitude ou d’une inaptitude ».Â
Notez le
Une incertitude demeure néanmoins vis-à -vis de cette affirmation. La Cour de cassation ayant considéré, en mai 2023, qu’une inaptitude pouvait être constatée à l’occasion d'une visite médicale réalisée à la demande du salarié pendant la suspension de son contrat de travail pour maladie.
Pour consulter la totalité du questions-réponses, et notamment la partie relative à l’inaptitude et ses suites, rendez-vous sur le site du ministère du Travail.
Pour en savoir davantage sur le suivi de l’état de santé des salariĂ©s, les Editions Tissot vous suggèrent leur documentation « SantĂ© sĂ©curitĂ© au travail ACTIV » dans laquelle vous pourrez retrouver la procĂ©dure interactive « Organiser les visites mĂ©dicales auprès des services de prĂ©vention et de santĂ© au travail ».Â
Questions-Réponses relatif au suivi de l’état de santé des salariés, ministère du Travail, 17 septembre 2024
Juriste en droit social et rédacteur au sein des Editions Tissot
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