Salarié protégé : la présomption de démission peut-elle jouer sans l’accord de l’Inspection du travail ?
Lorsqu’un salarié abandonne son poste de travail, il est présumé démissionnaire et ne peut, en conséquence, pas bénéficier des indemnités chômage. Le cas échéant, qu’en est-il pour le salarié protégé ? L’employeur doit-il solliciter l’autorisation de l'Inspection du travail avant d’officialiser la présomption de démission et rompre le contrat du salarié ?
Présomption de démission : rappel du cadre légal
La présomption de démission est entrée en vigueur le 19 avril 2023. Depuis, l’abandon de poste ne peut plus être utilisé par le salarié pour rompre son contrat de travail tout en pouvant prétendre aux indemnités chômage.
Désormais, l’abandon de poste est assimilé à une démission.
Ainsi, lorsqu’un salarié ne se présente pas à son poste de travail, son employeur peut le mettre en demeure (par lettre recommandée ou par lettre remise en main-propre) de justifier son absence et de reprendre son poste de travail dans un délai qui ne peut pas être inférieur à quinze jours (Code du travail, art. R. 1237-13).
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Le délai accordé au salarié pour reprendre son poste dans un délai de 15 jours minimum est décompté en jours calendaires et court à compter de la première présentation de la mise en demeure.
Si, dans ce délai  le salarié invoque un motif légitime, il n’y aura alors pas présomption de démission.
Parmi les motifs lĂ©gitimes reconnus par la loi, on trouve les raisons mĂ©dicales, droit de retrait, grève, modification du contrat Ă l'initiative de l’employeur etc.Â
PassĂ© ce dĂ©lai, si le salariĂ© ne justifie toujours pas de son absence et/ou ne se reprĂ©sente pas Ă son poste, il sera prĂ©sumĂ© dĂ©missionnaire.Â
Présomption de démission du salarié protégé : quelle application ?
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Présomption de démission : rappel du cadre légal
La présomption de démission est entrée en vigueur le 19 avril 2023. Depuis, l’abandon de poste ne peut plus être utilisé par le salarié pour rompre son contrat de travail tout en pouvant prétendre aux indemnités chômage.
Désormais, l’abandon de poste est assimilé à une démission.
Ainsi, lorsqu’un salarié ne se présente pas à son poste de travail, son employeur peut le mettre en demeure (par lettre recommandée ou par lettre remise en main-propre) de justifier son absence et de reprendre son poste de travail dans un délai qui ne peut pas être inférieur à quinze jours (Code du travail, art. R. 1237-13).
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Le délai accordé au salarié pour reprendre son poste dans un délai de 15 jours minimum est décompté en jours calendaires et court à compter de la première présentation de la mise en demeure.
Si, dans ce délai  le salarié invoque un motif légitime, il n’y aura alors pas présomption de démission.
Parmi les motifs lĂ©gitimes reconnus par la loi, on trouve les raisons mĂ©dicales, droit de retrait, grève, modification du contrat Ă l'initiative de l’employeur etc.Â
PassĂ© ce dĂ©lai, si le salariĂ© ne justifie toujours pas de son absence et/ou ne se reprĂ©sente pas Ă son poste, il sera prĂ©sumĂ© dĂ©missionnaire.Â
Présomption de démission du salarié protégé : quelle application ?
Pour mémoire, les représentants du personnel jouissent d’une protection spéciale contre le licenciement pour se prémunir de toutes mesures d’éviction abusives.
Ainsi, l’employeur qui envisage de rompre le contrat de travail d’un salarié protégé doit solliciter l’autorisation de  l’Inspection du travail.
A contrario, aucune autorisation n’est requise lorsqu’un salarié, investi d’un mandat représentatif, décide de démissionner. La démission d’un salarié protégé n’a pas à être approuvée par la DREETS.
Le Code du travail ne prévoit aucune règle spécifique en cas de rupture pour cause de démission présumée d’un salarié protégé.
Quid, alors pour ces derniers, lors d’un abandon de poste ?
La cour d’appel de Paris est venue, pour la première fois, répondre à cette question.
Dans cette affaire, un salariĂ© investi d’un mandat de conseiller du salariĂ©, en absence injustifiĂ©e,  avait Ă©tĂ© mis en demeure par son employeur de reprendre son poste de travail. Sans rĂ©ponse de la part du salariĂ©, l’employeur lui a notifiĂ© qu’il Ă©tait rĂ©putĂ© dĂ©missionnaire, sans solliciter d’autorisation de l’Inspection du travail.Â
La cour d’appel a constaté qu’en cas de rupture pour cause de démission présumée, le Code du travail ne prévoit aucune règle.
Pour la cour, si la démission décidée par le salarié n’implique pas l’autorisation de l’Inspection du travail, cela n’est pas valable pour la présomption de démission, laquelle fait nécessairement intervenir l’employeur.
Ainsi, en l’absence de prĂ©cision des textes, les juges ont considĂ©rĂ© que l’autorisation de l’Inspection du travail Ă©tait nĂ©cessaire pour acter la prĂ©somption de dĂ©mission et rompre le contrat de travail.Â
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La décision ne précise pas si, dans cette situation, le comité social et économique doit être consulté, comme cela est imposé dans le cadre d’une procédure de licenciement d’un salarié protégé.
Cet arrêt est issu d’une cour d’appel. Ainsi, même s’il apporte des précisions attendues, il n’a pas été confirmé par une décision de la Cour de cassation, qui n’a pas encore eu l’occasion de répondre à cette question.
Pour en savoir davantage sur les règles encadrant votre statut de salarié protégé, nous vous proposons notre documentation « CSE ACTIV ».
Cour d’appel de Paris, 6 mars 2025, n° 24/02319 (la présomption légale de démission, qui fait intervenir l’employeur dans la rupture du contrat de travail, ne dispense pas ce dernier de solliciter l’inspection du travail)
Juriste et autrice en droit social
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