Salarié protégé : quel délai pour réclamer une indemnité après l’annulation de l’autorisation de licenciement ?
L’employeur doit obtenir une autorisation de l’Inspection du travail pour licencier un salarié protégé. Cette autorisation reste susceptible d’un recours en annulation, qui, si elle aboutit, donne droit à des indemnités afférentes. Mais dans quel délai devez-vous saisir la juridiction prud'homale pour les obtenir ?
La suite du contenu est réservée aux abonnés à l'Actualité Premium
Essayez l'Actualité Premium
À partir de 9,90€ / mois- Déblocage de tous les articles premium
- Accès illimité à tous les téléchargements
Annulation de l’autorisation de licenciement : quelle indemnisation pour le salarié protégé ?
En tant que salarié protégé, vous êtes en droit, si vous êtes licencié, de contester la décision de l'Inspection de travail ayant autorisé votre licenciement.
Si cette dĂ©cision (et donc votre licenciement) est annulĂ©e de façon dĂ©finitive, vous pourrez alors demander votre rĂ©intĂ©gration dans votre emploi ou dans un emploi Ă©quivalent, dans un dĂ©lai de deux mois (Code du travail, art. L. 2422-1).Â
Notez le
Pour des questions de preuve, bien que la loi n’impose aucun formalisme particulier, la lettre recommandée reste de mise afin de conférer date certaine à la demande de réintégration.
En outre, vous aurez également droit au paiement d’une indemnité correspondant à la totalité du préjudice subi :
au cours de la période écoulée entre votre licenciement et votre réintégration, si votre demande est formulée dans le délai de deux mois à compter de la notification de la décision ;
au cours de la pĂ©riode Ă©coulĂ©e entre votre licenciement et l'expiration du dĂ©lai de deux mois si vous n’avez pas demandĂ© votre rĂ©intĂ©gration. (Code du travail, art. L. 2422-4).Â
Cette indemnitĂ© est distincte de la demande de rĂ©intĂ©gration qui est la seule concernĂ©e par le dĂ©lai de deux mois.Â
Ainsi se pose la question de savoir dans quel délai peut-on solliciter le paiement d’une telle indemnité ?
Annulation de l’autorisation de licenciement : une prescription triennale pour les demandes relatives aux créances salariales
Le Code du travail précise bien, au sujet de l’indemnité due en cas d’annulation d’une décision d’autorisation, que “ Ce paiement s'accompagne du versement des cotisations afférentes à cette indemnité qui constitue un complément de salaire.”
Parce qu’elle a la nature d’une crĂ©ance salariale, la demande d’indemnitĂ© doit ĂŞtre introduite dans les trois ans suivant l’annulation de l’autorisation de licenciement (Code du travail, art. L. 3245-1).Â
C’est ce qu’a retenu la Cour de cassation dans un arrêt du 11 décembre 2024.
En l’espèce, une salariée élue déléguée du personnel a été licenciée pour motif économique suite à la liquidation judiciaire de son employeur.
Le Tribunal administratif a annulé la décision d’autorisation de licenciement de l’Inspection du travail.
Un an après, la salariée a saisi la juridiction prud’homale afin de réclamer l’indemnité correspondant au préjudice subi auquel elle pouvait prétendre consécutivement à l’annulation de la décision administrative de licencier.
Alors que la cour d’appel avait considéré sa demande prescrite car formulée plus de deux mois après l’annulation de l'autorisation, la requérante a été entendue par la Cour de cassation.
Les juges de la Haute juridiction ont en effet rappelé la distinction entre deux types de délais légaux :
celui relatif à une demande de réintégration ;
et celui relatif à l’indemnité qui est une créance de nature salariale.
La demande de la requérante concernant l’indemnité qui a une nature salariale, elle relevait donc de la prescription triennale.
La Cour de cassation précise également que l'indemnisation n'étant due que lorsque l'annulation de la décision d'autorisation est devenue définitive, il en résulte que le délai de prescription de l'action au titre de cette indemnisation ne court qu'à compter de cette date.
Pour en savoir davantage sur les règles encadrant votre statut de salarié protégé, nous vous proposons notre documentation « CSE ACTIV ».
Cour de cassation, chambre sociale, 11 décembre 2024, n° 23-10.439 (prescription triennale pour la demande d'indemnisation consécutive à l’annulation d’une décision administrative autorisant le licenciement d'un représentant du personnel).
Juriste et autrice en droit social
- Salarié protégé refusant l’application d’un APC : peut-il se prévaloir d’une incompatibilité avec son état de santé ?Publié le 25 avril 2025
- Salarié protégé : la présomption de démission peut-elle jouer sans l’accord de l’Inspection du travail ?Publié le 10 avril 2025
- Rupture du contrat de mission d’un salarié protégé : l’autorisation de l’Inspection du travail n’est pas toujours requise !Publié le 3 avril 2025
- Discrimination syndicale : une réparation intégrale du préjudice financierPublié le 20 février 2025
- Les motifs invoqués par l'administration pour autoriser le licenciement d’un salarié protégé s'imposent au juge judiciairePublié le 20 février 2025