ASC déléguées à l’employeur : les économies doivent-elles être reversées au CSE ?
Vous pouvez partiellement dĂ©lĂ©guer Ă l’employeur la gestion des activitĂ©s sociales et culturelles (ASC). Dans une telle situation, que faire des Ă©ventuelles Ă©conomies rĂ©alisĂ©es ? L’employeur doit-il vous les reverser ?Â
ASC : gestion, financement, retour sur le cadre légal
Dans les entreprises de 50 salariĂ©s et plus, c’est le comitĂ© social et Ă©conomique (CSE) qui est en charge de la gestion des activitĂ©s sociales et culturelles (ASC).Â
Chaque année, l’employeur est tenu de verser une contribution pour les  financer.
Le montant de cette contribution est prioritairement fixé par accord d’entreprise, conformément à l’article L. 2312-81 du Code du travail.
A défaut d'accord, le rapport de cette contribution à la masse salariale brute ne peut être inférieur au même rapport existant pour l'année précédente.
Le CSE peut dĂ©lĂ©guer la gestion d’une partie des ASC Ă l’employeur, par exemple pour gĂ©rer la restauration d’entreprise.Â
Les ordonnances Travail de 2017, qui ont supprimĂ© les comitĂ©s d’entreprise (CE), ont modifiĂ© les règles de calcul du budget des activitĂ©s sociales et culturelles, les ASC.Â
Avant leur entrée en vigueur, la jurisprudence admettait que dès lors que le CE était chargé de la gestion des ASC, l’employeur devait financer ces activités en tenant compte de toutes les dépenses sociales sur la période concernée. Même si le CE confiait une partie de ces activités à l’employeur, ce dernier ne pouvait pas réduire sa contribution en soustrayant les sommes qu’il avait dépensées pour cette activité déléguée.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Les bénéfices d’une ASC doivent nécessairement être reversés au CSE
Le CSE bĂ©nĂ©ficie d’un « monopole de gestion » s’agissant des activitĂ©s sociales et culturelles.Â
La gestion des ASC par l’employeur est donc limitĂ©e et se pose alors la question des Ă©ventuelles Ă©conomies rĂ©alisĂ©es dans le cadre d’une activitĂ© dĂ©lĂ©guĂ©e. Doivent-elles ĂŞtre reversĂ©es au CSE ?Â
A travers deux arrĂŞts très remarquĂ©s des 6 et 27 fĂ©vrier 2025, la cour d’appel de Versailles a rĂ©pondu Ă cette question, pour la première fois depuis que le Code du travail prĂ©voit que le montant de la contribution aux activitĂ©s sociales et culturelles est prioritairement fixĂ©e par accord d’entreprise (article L. 2312-81).Â
Dans la première affaire, une société gérait plusieurs établissements dans lesquels les CSE bénéficiaient, en vertu d’un accord collectif, d’une subvention pour financer les activités sociales et culturelles. Pendant la pandémie de Covid-19, la fermeture des restaurants d’entreprise dont l’activité était, par délégation du CSE, sous la gestion directe de l’employeur avait conduit la société à réaliser d’importantes économies.
Des CSE d’établissements ont demandé à ce que ces économies leur soient reversées, estimant qu'elles relevaient du budget des ASC.
Ils ont d’abord été déboutés de leur demande au motif que le montant de la contribution de l’employeur aux ASC avait été fixé par accord auquel il ne peut être dérogé.
La cour d’appel n’est pas de cet avis et relève que l’accord n’a pas prĂ©vu expressĂ©ment l’hypothèse des Ă©conomies rĂ©alisĂ©es par l’employeur. Elle rappelle que le monopole de la gestion des ASC est rĂ©servĂ© au CSE.Â
Il s’en déduit que, si l'employeur réalise des économies sur l'activité qu’il a conservée en gestion, celles-ci doivent être reversées au CSE, qui les affectera ensuite à d'autres ASC. Et ce, même si un accord d’entreprise fixe le montant de la contribution qui doit être allouée au budget du CSE en matière d’activités sociales et culturelles.
La cour d’appel de Versailles, quelques semaines plus tard, a retenu que l'attribution volontaire de titres-restaurant peut constituer une activité sociale et culturelle gérée par le CSE. De sorte que si l'employeur décidait de supprimer leur attribution, alors le CSE était en droit de récupérer les économies générées.
Attention
A la lecture de ces arrêts, il semble possible d’inclure dans un accord d’entreprise une  disposition qui permettrait à l’employeur de conserver les économies réalisées sur une activité dont il a la gestion. Reste à attendre une décision de la Cour de cassation pour confirmer la portée de ces décisions.
Vous souhaitez en savoir davantage sur votre rôle dans la gestion des activités sociales et culturelles ? Les Editions Tissot vous proposent leur documentation « CSE ACTIV ».
Cour d’appel de Versailles, chambre sociale, 6 fĂ©vrier 2025, n° 23/02213Â
Cour d’appel de Versailles, chambre sociale, 27 février 2025, n° 23/00807 (si l'employeur fait des économies sur les ASC qu'il a conservées en gestion, ces économies doivent être reversées au CSE, qui les affectera à d'autres ASC).
Juriste et autrice en droit social
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