Quand les conditions de travail se dégradent, la santé trinque
« Bonne année, bonne santé » a-t-on coutume de dire. Encore faut-il avoir de bonnes conditions de travail. Dans une récente étude s’appuyant sur les données de l’Assurance Maladie, la DARES met en évidence la dégradation réelle de la santé des salariés subissant des expositions physiques ou psychosociales.
Des expositions physiques délétères
L’étude de la DARES s’appuie sur les enquêtes Conditions de Travail et Risques Psychosociaux de 2013 et 2016. Elle permet de mesurer l’évolution des réponses, et les résultats sont, pour la première fois, croisés avec les données de santé de l’Assurance maladie.
L’étude met en évidence que les principaux facteurs de risques physiques, notamment les « vibrations, les mouvements et postures douloureuses », les « poussières et fumées », les « bruits et les produits dangereux », nuisent à la santé.
Les expositions physiques accroissent :
les maladies et problèmes de santé chroniques ou durables ;
les limitations d’activité depuis au moins 6 mois ;
la durée des absences pour maladie ;
le nombre de médicaments délivrés annuellement.
Ainsi, une hausse des expositions physiques entraîne à court terme une augmentation significative des délivrances d’analgésiques, d’opiacés et des médicaments traitant les troubles musculosquelettiques.
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Les femmes et les plus de 45 ans semblent plus vulnérables. Ces populations présentent des limitations d’activité plus importantes, sont plus souvent en arrêt de travail et ont davantage recours aux médicaments lorsqu’elles sont exposées à des conditions de travail plus difficiles.
Les risques psychosociaux dégradent la santé
L’augmentation des expositions psychosociales (intensité du travail, contraintes horaires, exigences émotionnelles, etc.) est significativement associée à la dégradation du bien-être psychologique et à l’augmentation :
de maladies ou de problèmes de santé chroniques ;
des absences pour maladie ordinaire et de leur durée ;
de la dégradation de l’état de santé général ;
de la délivrance de médicaments, notamment des analgésiques, des opiacés, des médicaments traitant les troubles musculosquelettiques, des psychotropes, et des médicaments traitant les troubles digestifs.
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Ces expositions ont un effet partiellement irréversible à court terme sur la probabilité de développer un handicap ou une perte d’autonomie.
Le rôle essentiel des entreprises pour la prévention
En 2015, les mouvements répétitifs et les postures douloureuses ou fatigantes concernaient encore 50 % des emplois en Europe. En France, la part de la population active subissant au moins trois contraintes de rythme (dépendance vis-à -vis de collègues, surveillance permanente exercée par la hiérarchie, etc.) est passée de 6 % en 1984 à 35 % en 2016.
Les effets de ces expositions mis en évidence par l’étude ont de forts coûts, y compris pour l’entreprise : inaptitude, perte de compétences, réduction de la productivité, dépenses de santé, etc.
Les enjeux sont d’autant plus forts dans le contexte actuel de vieillissement de la population active et de l’allongement de la durée d’activité.
De plus, l’étude montre que les mauvaises conditions de travail ont un effet croissant à court terme avec la durée de l’exposition.
Il est donc primordial que les entreprises renforcent leurs mesures préventives et réparatrices.
Pour ce faire, elles peuvent en particulier s’appuyer sur le cadre prévu par la loi (Code du travail, art. L. 4121-1 à L. 4121-3) et notamment :
les principes gĂ©nĂ©raux de prĂ©vention dont le fait d’adapter le travail aux salariĂ©s ;Â
l’évaluation des risques professionnels incluant les risques psychosociaux et les expositions physiques à effet différés.
Important
Certains événements, notamment ceux relevant des risques psychosociaux, ne se traduisent pas en termes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles. Il faut donc analyser l’ensemble des données et indicateurs de santé disponibles pour guider les réflexions.
DARES, L'effet des conditions de travail sur la santé et le recours aux soins, 14 novembre 2024
Chargé de mission qualité de vie au travail
Chargé de mission qualité de vie au travail, j'oeuvre sur différents sujets relevant de ce domaine : prévention et évaluation des risques psychosociaux, prise en compte de la qualité de vie au …
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