Accompagner un collaborateur dĂ©pendant Ă lâalcool : une main de fer dans un gant de velours
Dans un prĂ©cĂ©dent article, nous vous avions donnĂ© quelques conseils pour aborder un collaborateur prĂ©sentant une dĂ©pendance Ă lâalcool, sans pour autant le stigmatiser ou jouer les thĂ©rapeutes. Vous trouverez ici des informations complĂ©mentaires concernant son accompagnement.
Explorer les solutions possibles
Commencez par demander Ă la personne ce quâelle souhaite et ce dont elle a besoin : cela permet Ă celle-ci de se responsabiliser et de faire part de propositions que vous nâauriez peut-ĂȘtre pas envisagĂ©es.Â
Orientez la personne vers son mĂ©decin traitant, le mĂ©decin du travail ou plus largement vers votre service de prĂ©vention et de santĂ© au travail (avec potentiellement Ă la clĂ© une redirection vers un addictologue, un psychologue, etc.).Â
Mettez en place des ajustements temporaires : par exemple, en adaptant ses missions (Ă©viter les tĂąches Ă risques), en rĂ©duisant sa charge de travail. Attention cependant, rĂ©duire la charge de travail nâest pas toujours la bonne solution.Â
DĂ©finissez un accompagnement Ă moyen terme : prenez le temps dâexplorer ce qui est difficile pour la personne dans son travail : un manque de reconnaissance ? Un ennui et un manque dâĂ©volution ? Des conflits avec des collĂšgues ? Restez ouvert et nâoubliez pas de baliser (interlocuteurs, points dâĂ©tape planifiĂ©s, etc.).Â
Assurez la sĂ©curitĂ© individuelle et collective : mettez-vous dâaccord avec la personne. Si elle est en Ă©tat dâĂ©briĂ©tĂ© Ă lâavenir, vous lui demanderez de quitter son poste de travail et la raccompagnerez chez elle.Â
Fixez une frĂ©quence de suivi : dans un premier temps, vous pouvez convenir dâun rendez-vous par semaine ou toutes les deux semaines, puis vous espacerez progressivement les rencontres.
Consignez le plan dâaction Ă lâĂ©crit dans un document sĂ©curisĂ© et confidentiel.Â
Maintenir lâaccompagnement dans la durĂ©e
Laissez sa chance Ă la personne : lâinstallation du changement peut prendre du temps. Il peut aussi y avoir des rechutes. Câest normal et cela fait partie du processus de guĂ©rison. Il ne faut pas pour autant faire « comme si de rien nâĂ©tait ». Le cas Ă©chĂ©ant, entretenez-vous avec la personne pour comprendre ce qui a prĂ©cipitĂ© la rechute.Â
Notez le
Comment réagir si la personne est ivre :
- parlez-lui de maniĂšre respectueuse. N'essayez pas dâavoir une discussion. Ne plaisantez pas avec elle, ne la provoquez pas et ne criez pas ;
- installez-la dans un lieu sĂ©curisĂ© et veillez Ă ce quâelle ne se blesse pas en attendant que les effets de lâalcool se dissipent et/ou de pouvoir la reconduire chez elle ;
- si la personne se montre agressive ou si vous vous inquiétez pour sa santé, appelez les secours.
Renforcez tous les changements positifs : complimentez le collaborateur pour chaque petit pas en avant afin de lâencourager et de lâaider Ă maintenir ses efforts.
Ajustez le plan dâaction : au fil de lâĂ©volution de la situation, vous pouvez ajuster les mesures dâaccompagnement. Parlez-en ouvertement avec le collaborateur, demandez-lui son avis. Vous pouvez Ă©galement vous mettre dâaccord sur le dĂ©lai auquel vous ferez le point sur les actions en cours. Nâoubliez pas de consigner Ă lâĂ©crit toute Ă©volution du plan dâaction.Â
Que faire sâil nây a pas dâĂ©volution ?
Si la situation nâĂ©volue pas, Ă©voquez le risque de sanctions disciplinaires : expliquez Ă la personne les sanctions auxquelles elle sâexpose (avertissement, mise Ă pied disciplinaire, licenciement, etc.). Il ne sâagit pas ici de menacer, mais dâinformer de maniĂšre factuelle et proportionnĂ©e. Rassurez cependant la personne : lâentreprise nâa pas lâintention de la sanctionner Ă la moindre rechute, surtout si elle fait preuve de bonne volontĂ©.Â
Sâil nây a pas de changement et quâune situation justifie lâapplication dâune sanction disciplinaire : nâen cachez pas la raison Ă la personne (ex : propos insultants envers ses collĂšgues, agression, menaces de mort, etc.). Il est important pour elle de comprendre les consĂ©quences de sa consommation pour, peut-ĂȘtre Ă lâavenir, pouvoir rĂ©soudre ce problĂšme.Â
Laisser faire la personne, ce nâest pas lui rendre service. Au contraire, oser lâaborder et lui proposer votre aide est une marque de confiance. Cela montre que vous pensez quâelle est capable de comprendre le problĂšme et de le surmonter.Â
Psychologue clinicienne - Consultante
NĂ©e en 1992 Ă Enghien-les-Bains, Emma Pitzalis est psychologue clinicienne (Paris X), diplĂŽmĂ©e en thĂ©rapies brĂšves et stratĂ©giques de l'Institut Gregory Bateson. Emma a dĂ©butĂ© sa carriĂšre au sein de âŠ
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