Avant-projet de la loi sur le dialogue social et l'emploi des seniors : les mesures impactant les représentants du personnel
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Les accords nationaux interprofessionnels relatifs à l’emploi des seniors et à l’évolution du dialogue social viennent d’être repris dans un avant-projet de loi. Nouvelles négociations obligatoires et suppression de la limitation du nombre de mandats successifs au CSE, voici les principales mesures intéressant les représentants du personnel.
CSE : suppression de la limitation du nombre de mandats successifs
Le Code du travail prĂ©voit actuellement qu'un salariĂ© Ă©lu en tant que titulaire ou supplĂ©ant au CSE ne peut pas effectuer plus de 3 mandats successifs (Code du travail, art. L. 2314-33).Â
Bon Ă savoir
Par exception, cette limitation n'est pas applicable dans les entreprises :
- dont l'effectif est inférieur à 50 salariés ;
- dont l'effectif est compris entre 50 et 300 salariés, si le protocole d’accord préélectoral (PAP) le prévoit.
Dans l'ANI du 14 novembre 2024 relatif à l'évolution du dialogue social, les partenaires sociaux demandaient la suppression de cette règle introduite dans le Code du travail par les ordonnances Travail de 2017.
L'idĂ©e Ă©tant de « permettre le renouvellement des reprĂ©sentants du personnel dans les meilleures conditions possibles, en prĂ©servant l’expĂ©rience et les compĂ©tences acquises, dans un objectif d'amĂ©lioration de la qualitĂ© du dialogue social ».Â
C'est notamment pour répondre au manque de candidats que l’avant-projet de loi reprend fidèlement cette proposition en supprimant la limite du nombre de mandats au CSE.
Notez le
Il ressort du 7ème baromètre Syndex-Ifop sur l’état du dialogue social en France, publié le 24 janvier 2025, que 90 % des représentants du personnel interrogés affirmaient que leur CSE rencontre des difficultés à recruter de nouveaux candidats.
Nouvelle obligation de négocier sur l'emploi des seniors au niveau de l'entreprise et des branches
Conformément aux accords de l’automne 2024, l’avant-projet de loi fait de l’emploi des seniors un objet de négociation à part entière. Il prévoit d’instaurer :
- au niveau des branches : une négociation obligatoire sur l’emploi et le travail des seniors ;
- dans les entreprises de 300 salariés et plus : une négociation obligatoire sur l’emploi, le travail et l’amélioration des conditions de travail des salariés expérimentés.
Ces négociations devront intervenir tous les 3 ans au niveau de la branche, et tous les 4 ans pour les entreprises de 300 salariés et plus.
Elles porteront obligatoirement sur :Â
- le recrutement des salariés expérimentés ;
- le maintien dans l’emploi et l’aménagement des fins de carrière, notamment les modalités d’accompagnement à la retraite progressive et/ou au temps partiel ;
- la transmission des savoirs et des compétences des salariés expérimentés (missions de mentorat, de tutorat, mécénat de compétences, etc).
Les négociations pourront également porter sur :
- le développement des compétences et l’accès à la formation ;
- les impacts des transformations technologiques et environnementales sur les métiers ;
- les pratiques managériales mobilisables ;
- les modalités d’écoute des salariés concernant l’exercice de leurs missions ;
- la santé au travail et la prévention des risques professionnels ;
- l’organisation et les conditions de travail ;
- les relations sociales.Â
Notez le
Les entreprises de moins de 300 salariés pourront engager volontairement une négociation sur ces thèmes.
Les partenaires sociaux de la branche auront Ă©galement la possibilitĂ© d'adopter un plan d'action type, dont l'application serait destinĂ©e :Â
- aux entreprises de moins de 300 salariés ;
- aux entreprises d'au moins 300 salariĂ©s ayant Ă©chouĂ© Ă conclure un accord collectif.Â
Son application serait suspendue à l'élaboration d'un document unilatéral, ainsi qu'à l'information-consultation du CSE et des salariés.
Aujourd'hui, le sujet de l’emploi des seniors est abordé au moins une fois tous les 4 ans, dans le cadre de la négociation sur la gestion prévisionnelle des emplois et des parcours professionnels (GEPP) dans les entreprises de 300 salariés et plus.
Bon Ă savoir
En revanche, la possibilité pour le salarié de recourir au CSE en cas de refus d'une demande de retraite progressive par l'employeur n’a pas été reprise dans l’avant-projet.
L’avant-projet de loi a Ă©tĂ© soumis Ă l’avis du Conseil d’Etat et devrait ĂŞtre prĂ©sentĂ© au Parlement, dès le mois de mai, en vue de son adoption.Â
Avant-projet de loi portant transposition des accords nationaux interprofessionnels en faveur de l’emploi des salariés expérimentés et relatif à l’évolution du dialogue social.
Accord national interprofessionnel du 14 novembre 2024 en faveur de l’emploi des salariés expérimentés
Accord national interprofessionnel du 14 novembre 2024 relatif Ă l'Ă©volution du dialogue socialÂ
Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot
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