Lanceur d’alerte : la procédure de signalement externe auprès de la Direction générale du travail

Publié le 05/09/2023 à 16:48 dans Sanction et discipline.

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Le lanceur d’alerte dispose de deux procédures de signalements distinctes. En interne, il s’adresse à une personne de l’entreprise. Il peut également porter son alerte à la connaissance de l’autorité compétente. En matière de droit du travail, il s’agit de la Direction générale du travail (DGT). Le ministère du Travail précise cette procédure de signalement mise en œuvre par la DGT.

Procédure de signalement : le lanceur d’alerte

Le lanceur d’alerte est une personne physique qui signale ou divulgue certaines informations. Sont notamment concernées les informations qui portent sur :

  • un crime ou un dĂ©lit ;
  • une menace ou un prĂ©judice ;
  • une violation du droit international, du droit de l’Union europĂ©enne, de la loi ou du règlement ;
  • la tentative de dissimulation d’une telle violation.

Attention

Cette procédure d’alerte de droit commun est à distinguer de l’alerte sur les produits ou procédés de fabrication présentant des risques pour la santé et l’environnement. Pour plus de précisions, consultez l’article : Registre des alertes sanitaires et environnementales : une mise en place obligatoire dans chaque établissement ?

Le lanceur d’alerte procède au signalement ou à la divulgation de bonne foi et sans contrepartie financière. Il bénéficie d’une confidentialité de son identité. Les éléments permettant de l’identifier ne peuvent pas être communiqués sans son accord, sauf sous certaines conditions, aux autorités judiciaires.

Il bénéficie, sous certaines conditions, d’une irresponsabilité civile et pénale, ainsi que d’une protection contre les mesures de représailles, notamment disciplinaires (sanction disciplinaire, licenciement), discriminatoire, etc.

Procédure de signalement : deux possibilités pour le lanceur d’alerte

Depuis le 1er septembre 2022, le lanceur d’alerte peut choisir entre le signalement interne et/ou externe.

En interne, les entreprises d’au moins 50 salariés doivent avoir mis en place une procédure de recueil et de traitement des signalements. Pour plus de précisions, vous pouvez lire l’article : Lanceurs d’alerte : la procédure de recueil est fixée par décret. En l’absence d’une telle procédure, les informations peuvent être communiquées au supérieur hiérarchique direct ou indirect, à l’employeur ou à un référent désigné par celui-ci.

En externe, le signalement est fait auprès des autorités compétentes mentionnées par un décret du 3 octobre 2022. Cette autorité doit être choisie en fonction du domaine de l’alerte. Ainsi, est compétente pour les alertes relatives :

  • aux relations individuelles et collectives du travail, conditions de travail : la Direction gĂ©nĂ©rale du travail (DGT) ;

  • l’emploi et la formation professionnelle : la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  l’emploi et Ă  la formation professionnelle (DGEFP) ;

  • aux discriminations : le DĂ©fenseur des droits.

Notez le

Dans le doute, le lanceur d’alerte peut directement s’adresser au Défenseur des droits qui l’orientera vers la ou les autorités compétentes.

Procédure de signalement : procédure d’alerte auprès de la Direction générale du travail

Les signalements effectués auprès de la Direction générale du travail doivent relever d’un manquement à la réglementation du droit du travail.

Attention

La procédure de signalement ne remet pas en question le rôle de l’inspection du travail qui est chargée de veiller à la bonne application du droit du travail, d’informer et de conseiller les employeurs, les salariés et les représentants du personnel.

Avant de saisir la DGT, le lanceur d’alerte doit vérifier qu’aucune autre voie de droit n’est pas plus compétente. En effet, la procédure d’alerte ne se substitue pas à la saisine du conseil des prud’hommes. Le ministère du Travail précise que la DGT n’est pas compétente lorsque le conflit professionnel est la conséquence du signalement. Ainsi, pour les litiges employeur/salarié survenu à l’occasion de l’exécution du contrat de travail, ces derniers relèvent de la compétence du conseil de prud’hommes.

Le ministère du Travail précise qu’il n’est pas nécessaire d’effectuer un signalement en interne avant d’engager une procédure de signalement auprès de la DGT. Mais il invite toutefois le lanceur d’alerte à l’utiliser si elle existe au sein de l’entreprise et ne l’expose pas à un risque de représailles et de destruction de preuve.

La saisine de la DGT peut se faire par voie postale à l’adresse suivante :

Direction générale du travail
Ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion
39-43 quai André Citroën
75015 Paris

Afin de garantir la confidentialité du signalement, le ministère conseille le recours à la double enveloppe. Les éléments du signalement sont insérés dans une enveloppe fermée qui porte seulement la mention « Signalement d’une alerte ». Cette enveloppe est ensuite introduite dans une autre enveloppe sur laquelle figure l’adresse d’expédition.

La saisine de la DGT est Ă©galement possible par mail Ă  l’adresse suivante : [email protected]. Il est recommandĂ© de recourir Ă  un système de chiffrage.

Suite à la réception du signalement, la Direction générale du travail peut :

  • informer l’inspection du travail, si elle considère que le signalement le justifie ;

  • clĂ´turer le dossier lorsque le signalement est devenu sans objet ou lorsque les allĂ©gations sont inexactes, infondĂ©es, manifestement mineures, ou ne contiennent aucune nouvelle information significative par rapport Ă  un dossier de signalement dĂ©jĂ  clĂ´turĂ©.

Pour plus de précisions, sur la procédure de signalement, la CNIL a publié un guide pratique qui s’adresse aux lanceurs d’alerte afin qu’ils puissent connaître leurs droits et obligations.

Ministère du Travail, Lanceurs d’alerte : quand et comment adresser une alerte à la DGT ?, 11 août 2023
Décret n° 2022-1284 du 3 octobre 2022 relatif aux procédures de recueil et de traitement des signalements émis par les lanceurs d'alerte et fixant la liste des autorités externes instituées par la loi n° 2022-401 du 21 mars 2022 visant à améliorer la protection des lanceurs d'alerte, Jo du 4

Isabelle VĂ©nuat

Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot