Inaptitude : consultation obligatoire du CSE même en cas d’impossibilité de reclasser le salarié

Publié le 17/03/2025 à 12:25
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Temps de lecture : 4 min

La mise en œuvre de votre obligation de reclassement peut parfois se solder par l’impossibilité de proposer un autre emploi au salarié. Mais attention, cette circonstance ne vous dispense aucunement de recueillir l’avis de votre CSE avant d’engager une procédure de licenciement. A défaut, vous manquerez à votre obligation de reclassement et priverez le licenciement notifié de cause réelle et sérieuse.

Reclassement du salarié inapte : l’avis du CSE doit être recueilli…

En tant qu’employeur, vous pouvez envisager de licencier un salarié inapte uniquement lorsque vous vous trouvez dans l’une de ces situations : 

  • expressément dispensé, par le médecin du travail, de l’obligation de reclasser le salarié ;
  • impossibilité de procéder au reclassement du salarié ;
  • refus, par le salarié, de votre ou de vos offres de reclassement. 

Notez le

Sauf cas de fraude ou de vice du consentement, un recours à la rupture conventionnelle peut être également envisagé (Cass. soc., 9 mai 2019, n° 17-28.767).

Pour mémoire, l’obligation de reclassement vous impose de proposer au salarié un autre emploi :

  • approprié à ses capacités ;
  • aussi comparable que possible à l'emploi précédemment occupé, au besoin par la mise en Å“uvre de certaines mesures (ex : aménagements, adaptations ou transformations de postes existants ou aménagement du temps de travail) ;
  • disponible au sein de l'entreprise ou des entreprises du groupe auquel elle appartient le cas échéant.

De même, il vous revient, afin de soumettre une offre de reclassement avec sérieux et loyauté, de prendre en considération les conclusions écrites du médecin du travail ainsi que l’avis émis par votre comité social et économique (CSE). C’est à la condition, bien entendu, qu’une telle instance soit instituée au sein de votre entreprise.

La consultation du comité doit être menée à un moment bien précis. C’est-à-dire entre la déclaration d’inaptitude du salarié et la transmission d’une proposition de reclassement à ce dernier. 

A défaut de consultation, ou en cas de consultation irrégulière, vous manquerez à votre obligation de reclassement et priverez, conséquemment, votre mesure de licenciement de cause réelle et sérieuse. 

Important

Si l’entreprise dispose d’établissements distincts, vous devrez recueillir l’avis du CSE de l’établissement dans lequel travaille le salarié.

Mais qu’en est-il si vous constatez, faute de poste disponible, que vous êtes dans l’impossibilité de reclasser un salarié inapte ? Cette circonstance vous autorise-t-elle à engager une procédure de licenciement sans consulter au préalable le CSE ?

Ces questionnements, qui refont surface à intervalles réguliers, conduisent régulièrement la Cour de cassation à rappeler sa position : non, cette situation ne vous libère pas de cette formalité consultative. 

… même si vous êtes dans l’impossibilité de procéder au reclassement du salarié inapte

Dès lors que vous n’êtes pas expressément exempté de votre obligation de reclassement et qu’un CSE est établi dans l’entreprise, vous devez procéder à une consultation de l’instance. Et ce, même si vous savez que vous n’êtes pas en mesure de proposer un poste de reclassement au salarié. 

Dans cette situation, l’avis du comité doit être sollicité entre la déclaration d’inaptitude du salarié et sa convocation à l’entretien préalable au licenciement. 

Ces solutions, solidement établies en jurisprudence, ont été rappelées par la Cour de cassation à travers un arrêt rendu le 5 mars 2025. 

Dans la présente affaire, un employeur n’était pas en capacité de proposer à un salarié inapte un poste de reclassement n’impliquant aucune mobilité géographique. Ce qui, en l’occurrence, contrevenait au souhait que ce dernier avait formulé dans les jours suivant la reconnaissance de son inaptitude. 

Estimant que la consultation des représentants du personnel avait été réalisée de manière irrégulière, principalement en raison de sa tardiveté, le salarié avait saisi le juge prud’homal. 

A hauteur d’appel, les juges avaient considéré que l’impossibilité, pour l’employeur, de soumettre une offre de reclassement conforme au vœu du salarié l’exemptait de toute consultation des représentants du personnel. 

Un raisonnement logiquement censuré par la Cour de cassation. 

Il reste dorénavant à déterminer si la tardiveté de cette consultation rendait effectivement le licenciement irrégulier. Or sur ce sujet, une réponse positive semble s’imposer dans la mesure où l’avis du comité avait été recueilli le jour même de la notification du licenciement. 

Vous êtes confronté à la déclaration d’inaptitude d’un salarié ? Nous vous conseillons notre documentation « Santé sécurité au travail ACTIV » dans laquelle vous pourrez notamment retrouver la procédure interactive « Gérer une procédure d’inaptitude ». 

Portraits Tissot 046 2023 Gilles Piel 2
Axel Wantz

Juriste en droit social et rédacteur au sein des Editions Tissot

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