Arrêt maladie prescrit après un avis d’inaptitude : conséquences sur le paiement du salaire
Après que le salariĂ© ait Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© inapte par le mĂ©decin du travail, le rĂ©gime de l’inaptitude s’applique au salariĂ©. Si celui-ci  est placĂ© en arrĂŞt maladie par son mĂ©decin traitant par la suite, il perçoit des indemnitĂ©s journalières de SĂ©curitĂ© sociale. Dans une telle situation, vous n’avez pas Ă verser le complĂ©ment de salaire.Â
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Inaptitude et arrêt maladie : une incidence différente sur le paiement du salaire
Les règles relatives Ă l’inaptitude, tout comme celles inhĂ©rentes Ă l’arrĂŞt maladie, ont toutes deux vocation Ă entrer en jeu lorsque l’état de santĂ© d’un salariĂ© est altĂ©rĂ©.Â
Pour autant, il demeure absolument nĂ©cessaire de bien distinguer ces dernières. Tout d’abord car :Â
l’arrêt maladie est prescrit par le médecin traitant du salarié lorsque celui-ci constate que l’état de santé du salarié le place dans l’impossibilité de travailler ;
tandis que l’inaptitude est prononcée par le médecin du travail lorsque ce dernier constate une incompatibilité absolue entre l’état de santé du salarié et son poste de travail.
La nécessité de bien saisir cette distinction s’exprime également à travers les règles de rémunération applicables. Et pour cause :
un salarié placé en arrêt maladie bénéficiera, si sa situation le justifie, d’un maintien partiel ou intégral de salaire ;
un salarié déclaré inapte verra le versement de son salaire suspendu sauf si, dans le mois suivant l’examen médical constatant cette inaptitude, il n’a pas été reclassé ou licencié.
Rappel
En pratique, ce maintien de salaire repose généralement sur le versement de deux indemnités complémentaires : les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale (IJSS) ainsi que les indemnités complémentaires versées par l’employeur.
Cependant, il n’est pas rare que ces règles entrent en concours.Â
Plus concrètement, cette situation peut être constatée lorsqu’un salarié, tout récemment déclaré inapte par le médecin du travail, obtient la délivrance ou le renouvellement d’un arrêt maladie par son médecin traitant.
Or lorsque l’on sait que, sur le plan de la rĂ©munĂ©ration, les droits accordĂ©s Ă ce dernier Ă©volueront sensiblement selon qu’il se trouve sous le rĂ©gime de l’inaptitude ou de l’arrĂŞt maladie, on comprend immĂ©diatement la nĂ©cessitĂ© de connaĂ®tre la règle de prioritĂ© Ă appliquer.Â
Quel rĂ©gime doit donc recevoir application ? Le premier mobilisĂ© ? Le dernier mobilisĂ© ? Ou l’un des deux doit primer en toutes circonstances ?Â
Le positionnement de la Cour de cassation sur ce sujet est connu, depuis un certain temps dĂ©jĂ . Pourtant, cela ne l’empĂŞche pas de revenir, Ă intervalles rĂ©guliers, sur le devant de la scène judiciaire. Dernier exemple en date avec une dĂ©cision rendue par la Cour de cassation le 29 janvier 2025.Â
Arrêt maladie après un avis d’inaptitude : le salarié ne peut prétendre au maintien de son salaire
Si vous ĂŞtes confrontĂ© Ă cette situation, retenez ces deux solutions posĂ©es par la jurisprudence :Â
premièrement : la déclaration d’inaptitude d’un salarié, lorsqu’elle survient alors que le salarié est en arrêt maladie, met fin à la période de suspension du contrat de travail ;
secondement : l’arrêt de travail délivré après la déclaration d’inaptitude ne peut avoir pour conséquence d'ouvrir une nouvelle période de suspension du contrat de travail et de tenir en échec le régime applicable à l'inaptitude.
Pour résumer, le seul régime de l’inaptitude doit recevoir application dans une pareille situation.
Comme l’illustre la présente décision, l’une des conséquences de cette solution résidera dans l’impossibilité, pour le salarié, d’exiger le versement d’indemnités complémentaires de son employeur.
Illustration
Dans cette affaire, un salariĂ© avait Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© inapte le 13 avril 2017 puis placĂ© en arrĂŞt maladie du 14 avril 2017 au 28 mai 2017. Selon les dispositions de sa convention collective, sa situation lui ouvrait droit Ă un maintien de salaire. Or comme le rappelle les juges du fond et la Cour de cassation, Ă©tant placĂ© sous le rĂ©gime de l’inaptitude, il ne pouvait prĂ©tendre Ă un tel droit.Â
Il ne faut cependant pas oublier que cette solution activera l’obligation, pour l’employeur, de reprendre le versement du salaire si, dans le mois suivant la déclaration d’inaptitude, le salarié n’a pas été reclassé ou licencié. A titre de rappel, la somme forfaitaire versée se cumulera avec les IJ octroyées, le cas échéant, par la Sécurité sociale.
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Cour de cassation, chambre sociale, 29 janvier 2025, n° 23-18.585 (la délivrance d'un nouvel arrêt de travail au bénéfice d'un salarié déclaré inapte ne peut avoir pour conséquence d'ouvrir une nouvelle période de suspension du contrat de travail et de tenir en échec le régime applicable à l'inaptitude)
Juriste en droit social et rédacteur au sein des Editions Tissot
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