Burn-out : un arrêt de travail prescrit sans analyse des conditions de travail n’est pas automatiquement complaisant
Un mĂ©decin confrontĂ© Ă un salariĂ© en situation de burn-out peut prescrire ou prolonger un arrĂŞt de travail pour ce motif. Comme l’a prĂ©cisĂ© le Conseil d’Etat, le fait que le mĂ©decin pose ce diagnostic sans disposer d'une analyse des conditions de travail du salariĂ© ne permet pas, en soi, de remettre en cause la sincĂ©ritĂ© de l’avis dĂ©livrĂ©.Â
Prescription et renouvellement d’un arrêt maladie : rappels
Dès lors que son état de santé le place dans l’incapacité totale de travailler, un salarié doit :
- notifier, verbalement ou par écrit, son absence à son employeur ;
- se faire prescrire un arrĂŞt travail par un prescripteur compĂ©tent (ex : mĂ©decin traitant, mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, sage-femme).Â
Une fois l’avis d’arrêt de travail délivré, il revient au salarié d’adresser les feuillets n° 1 et n° 2 à sa CPAM ainsi que le feuillet n° 3 à son employeur. Notez cependant que le professionnel de santé peut, à certaines occasions, télétransmettre directement les deux premiers feuillets à l’Assurance maladie et n’adresser que le troisième feuillet au salarié.
Rappel
L’accomplissement de toutes ces démarches permet au salarié éligible de percevoir, le cas échéant :
- des indemnités journalières de Sécurité sociale (IJSS) ;
- des indemnités complémentaires versées par l’employeur.
Mentionnés dans le feuillet n° 1, les motifs d’ordre médical justifiant la délivrance d’un arrêt de travail sont multiples et non exhaustifs. A charge pour l’employeur en désaccord avec l’avis émis :
- de diligenter une contre-visite médicale (possible uniquement si celui-ci est tenu au versement d’une indemnité complémentaire) ;
- de porter plainte contre le médecin pour avoir manqué à ses obligations déontologiques en délivrant un certificat tendancieux ou de complaisance.
Bon Ă savoir
Le Code de dĂ©ontologie mĂ©dicale proscrit en effet « la dĂ©livrance d'un rapport tendancieux ou d'un certificat de complaisance » (Code de la santĂ© publique, art. R. 4127-8). L’existence d’un certificat de complaisance peut ĂŞtre notamment caractĂ©risĂ©e lorsqu’un mĂ©decin prescrit un arrĂŞt de travail Ă l’endroit d’une personne qu’il n’a pas examinĂ©e.Â
En mai 2024, le Conseil d’Etat s’est penché sur le cas d’une médecin qui, pour constater l’existence d’un burn-out et prolonger conséquemment l’arrêt de travail d’un salarié, s’était uniquement fondée sur les déclarations de ce dernier. Suite à la plainte de l’employeur, elle fut sanctionnée d’un avertissement par l’Ordre des médecins.
Burn-out : un arrêt de travail peut être valablement délivré en l’absence d’analyse sur les conditions de travail du salarié
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Prescription et renouvellement d’un arrêt maladie : rappels
Dès lors que son état de santé le place dans l’incapacité totale de travailler, un salarié doit :
- notifier, verbalement ou par écrit, son absence à son employeur ;
- se faire prescrire un arrĂŞt travail par un prescripteur compĂ©tent (ex : mĂ©decin traitant, mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, sage-femme).Â
Une fois l’avis d’arrêt de travail délivré, il revient au salarié d’adresser les feuillets n° 1 et n° 2 à sa CPAM ainsi que le feuillet n° 3 à son employeur. Notez cependant que le professionnel de santé peut, à certaines occasions, télétransmettre directement les deux premiers feuillets à l’Assurance maladie et n’adresser que le troisième feuillet au salarié.
Rappel
L’accomplissement de toutes ces démarches permet au salarié éligible de percevoir, le cas échéant :
- des indemnités journalières de Sécurité sociale (IJSS) ;
- des indemnités complémentaires versées par l’employeur.
Mentionnés dans le feuillet n° 1, les motifs d’ordre médical justifiant la délivrance d’un arrêt de travail sont multiples et non exhaustifs. A charge pour l’employeur en désaccord avec l’avis émis :
- de diligenter une contre-visite médicale (possible uniquement si celui-ci est tenu au versement d’une indemnité complémentaire) ;
- de porter plainte contre le médecin pour avoir manqué à ses obligations déontologiques en délivrant un certificat tendancieux ou de complaisance.
Bon Ă savoir
Le Code de dĂ©ontologie mĂ©dicale proscrit en effet « la dĂ©livrance d'un rapport tendancieux ou d'un certificat de complaisance » (Code de la santĂ© publique, art. R. 4127-8). L’existence d’un certificat de complaisance peut ĂŞtre notamment caractĂ©risĂ©e lorsqu’un mĂ©decin prescrit un arrĂŞt de travail Ă l’endroit d’une personne qu’il n’a pas examinĂ©e.Â
En mai 2024, le Conseil d’Etat s’est penché sur le cas d’une médecin qui, pour constater l’existence d’un burn-out et prolonger conséquemment l’arrêt de travail d’un salarié, s’était uniquement fondée sur les déclarations de ce dernier. Suite à la plainte de l’employeur, elle fut sanctionnée d’un avertissement par l’Ordre des médecins.
Burn-out : un arrêt de travail peut être valablement délivré en l’absence d’analyse sur les conditions de travail du salarié
Pour mĂ©moire, le burn-out est classiquement dĂ©fini comme un « état d’épuisement physique, Ă©motionnel et mental rĂ©sultant d’une exposition Ă des situations de travail Ă©motionnellement exigeantes ».Â
Notez le
A ce jour, le burn-out ne figure ni dans les tableaux des maladies professionnelles, ni dans la Classification Internationale des Maladies de l’OMS (CIM-11).
Selon les recommandations de la Haute autoritĂ© de santĂ© (HAS), son repĂ©rage nĂ©cessite l’organisation d’un Ă©change entre le mĂ©decin du travail et le mĂ©decin traitant. Et ce, dans l’optique de mettre Ă la disposition de ce dernier une analyse des conditions de travail du salariĂ©.Â
Dans l’affaire soumise au Conseil d’Etat, la chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins s’était justement appuyée sur ces recommandations pour confirmer la sanction adoptée à l’encontre de la médecin. L’instance en avait déduit, plus précisément, que le diagnostic de cette dernière ne pouvait se fonder sur les seules déclarations du salarié, en l’absence totale d'analyse sur ses conditions de travail.
La Haute juridiction administrative va nĂ©anmoins retenir une analyse diffĂ©rente. Â
En effet, elle va indiquer que le seul fait, pour la médecin, d’avoir constaté l'existence d'un burn-out sans disposer d’une analyse sur les conditions de travail du salarié ne permettait pas de caractériser l’existence d'un certificat tendancieux ou de complaisance.
La médecin était donc fondée à demander l’annulation de la décision lui infligeant un avertissement.
L'affaire est renvoyée à la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins.
Pour en apprendre davantage sur la prescription et la prolongation des arrĂŞts maladie, les Editions Tissot vous conseillent leur documentation « SantĂ© et sĂ©curitĂ© au travail ACTIV ».Â
Conseil d'Etat, 4e - 1re chambres réunies, 28 mai 2024, n° 469089 (le seul fait de constater l'existence d'un burn-out sans disposer d’une analyse des conditions de travail du salarié ne permet pas de caractériser l'établissement d'un certificat tendancieux ou de complaisance)
Juriste en droit social et rédacteur au sein des Editions Tissot
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