Activité partielle durant la crise sanitaire : quels impacts sur la santé ?

Publié le 16/05/2023 à 07:12 dans Risques psychosociaux.

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Une étude publiée par la DARES le 4 avril 2023 met en avant les impacts de l’activité partielle sur la santé des Français durant la crise sanitaire du Covid-19.

L’activité partielle augmente le risque de dépression et les troubles du sommeil

Les entreprises ont été nombreuses à recourir à l’activité partielle (ex-chômage partiel) durant la crise sanitaire afin de limiter les pertes d’emplois. Mais ce dispositif a-t-il permis de mieux préserver la santé des salariés que la perte d’emploi ? C’est la question à laquelle répond la DARES dans son étude, en se fondant pour cela sur la situation des salariés au premier trimestre 2021, lorsque l’épidémie de Covid-19 était au plus fort.

On sait, en effet, que la perte d’un emploi, qu’elle soit subie ou volontaire, peut s’accompagner d’une dégradation de l’état de santé physique et mental, en raison de plusieurs facteurs notamment l’insécurité économique mais également la perte d’identité professionnelle et d’estime de soi. Mais qu’en est-il de l’activité partielle ?

Sans surprise, l’étude révèle que la dégradation de l’état de santé constatée pour l’ensemble de la population (même en emploi) durant la crise sanitaire a été plus fort pour les personnes ayant subi une perte d’emploi (40 % déclarent un état de santé altéré) ou pour les salariés placés en activité partielle (41 %). À titre de comparaison, cette altération de l’état de santé n’est perçue que par 32 % des personnes ayant choisi de quitter leur emploi et 30 % des autres personnes en emploi.

Par ailleurs, la DARES met en exergue que le risque d’augmentation des symptômes dépressifs est également plus important chez les personnes en activité partielle (56 %) ou ayant subi une perte d’emploi (61 %) que chez les personnes ayant choisi de quitter leur travail (49 %) ou ceux en emploi (46 %). L’étude dresse le même constat concernant les troubles du sommeil, accrus pour les personnes en activité partielle.

L’activité partielle augmente la consommation de médicaments

En toute logique, les salariés ayant été placés en activité partielle sont également plus nombreux à déclarer une consommation plus intense de médicaments. Ainsi, en janvier 2021, au moins 12 % des personnes en activité partielle déclarent consommer des médicaments en lien avec des problèmes d’anxiété, de sommeil et de dépression, contre 8 % et 9 % respectivement pour les personnes ayant quitté volontairement leur emploi et celles en poste.

Les auteurs de l’étude précisent, par ailleurs, que parmi les personnes prenant des médicaments en janvier 2021, la moitié de celles en activité partielle ou ayant subi une perte d’emploi n’en avaient pas consommés avant la crise sanitaire.

Selon la DARES, l’altération de la santé mentale s’explique en partie par la dégradation de la situation financière lors de la crise sanitaire, plus importante pour les personnes placées en activité partielle et celles ayant subi une perte d’emploi. Le stress généré par cette insécurité financière favorisant l’émergence de troubles mentaux et de symptômes dépressifs.

Néanmoins, la perte de revenu ne suffit pas à expliquer seule cette dégradation de l’état de santé mentale. En effet, même avec une évolution similaire de la situation financière, les personnes en activité partielle connaissent une dégradation plus forte de leur santé mentale que celles restées en emploi. Ainsi, cette dégradation de l’état de santé mentale s’explique aussi par la détérioration générale de la situation économique, entraînant chez les personnes en activité partielle un sentiment d’insécurité sur la possibilité de conserver leur emploi, même en cas de contrat de travail stable.

Pour vous aider à prévenir les risques psychosociaux, les Editions Tissot vous conseillent la documentation « RPS et QVT : le pas à pas d’une démarche à succès ».


DARES Analyses, n° 22, 4 avril 2023, Quelles conséquences sur la santé de l'activité partielle pendant la crise sanitaire, début 2021 ?

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Clara Godin

Juriste, rédactrice en droit de l’environnement et santé-sécurité au travail

Titulaire du Master 2 en droit de l’environnement de l’Université Paris-Saclay, j’ai d’abord exercé en bureau d’études en tant que juriste consultante hygiène-sécurité-environnement (HSE). J’exerce …