Accident du travail : la suspension du contrat de travail empêche-t-elle sa déclaration ?

Publié le 05/03/2024 à 15:17, modifié le 08/03/2024 à 17:18 dans Accident du travail.

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C’est bien connu, tout accident survenu au temps et au lieu du travail doit faire l’objet d’une déclaration d’accident de travail par l’employeur. Mais qu’en est-il d’un accident qui survient, dans les locaux de l’employeur, pendant la suspension du contrat de travail ?

Accident du travail : l’obligation déclarative de l’employeur

L’article L. 441-2 du code de la sécurité sociale oblige l’employeur à déclarer « tout accident dont il a eu connaissance à la caisse primaire d'assurance maladie dont relève la victime ».

Cet article précise également que le salarié a la possibilité de déclarer lui-même son accident dans les deux ans qui suivent sa survenance.

En tout état de cause, si l’employeur ne respecte pas son obligation déclarative, il s’expose à des sanctions pécuniaires (remboursement à la CPAM des frais engendrés par l’accident, amende, etc.).

Mais la notion d’accident de travail est-elle vraiment claire pour tout le monde ? Comment différencier ce qui doit faire l’objet d’une déclaration de ce qui ne le doit pas ?

Accident du travail : rappel de la notion

L’article précité dispose qu’« est considéré comme accident du travail, quelle qu'en soit la cause, l'accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail ».

En résumé, la réalité d’un accident du travail nécessite la réunion de 3 conditions :

  • un fait accidentel exigeant un Ă©vènement prĂ©cis et soudain ;
  • un lien de causalitĂ© avec le travail caractĂ©risĂ© par l’existence d’un lien de subordination avec l’employeur ;
  • une ou plusieurs lĂ©sions, physiques ou psychiques, constatĂ©es mĂ©dicalement.

Suspension du contrat de travail : fait-elle obstacle à la déclaration d’un accident de travail ?

Dans le cas soumis à la Cour de cassation, une salariée en arrêt de travail avait été victime d’un malaise alors qu’elle était convoquée devant la commission consultative paritaire de la Poste afin d’évoquer son éventuel licenciement pour faute grave.

L’employeur a considéré qu’il n’était pas contraint de rédiger une déclaration d’accident de travail dans la mesure où le contrat de travail de la salariée était suspendu et qu’elle n’était pas en train de travailler au moment de son malaise. Cette position a emporté la conviction de la cour d’appel de Paris.

La Cour de cassation considère toutefois que, nonobstant son opinion sur les causes de l’accident et la suspension du contrat de travail, l’employeur devait déclarer l’accident puisque la salariée, par le biais de sa convocation, se trouvait sous sa dépendance et son autorité.

Attention

Le débat ne portait pas ici sur la qualification de l’accident mais bien sur l’obligation déclarative de l’employeur. Si ce dernier a des doutes sur le caractère professionnel de l’accident, c’est par le biais d’une lettre de réserves qu’il doit le faire savoir à la CPAM, seul organisme compétent pour statuer. Il ne saurait, sur ce fondement, refuser de procéder à la déclaration. En somme, ce dernier ne doit pas se poser trop de questions : dès qu’un salarié lui demande de déclarer un accident, il doit le faire !

Pour en savoir davantage sur la déclaration, la contestation et les conséquences d’un accident du travail, les Editions Tissot vous proposent leur documentation « Santé sécurité au travail ACTIV ».


Cour de cassation, chambre sociale, 14 février 2024, 22-18.798 (la salariée ayant fait un malaise devant une instance appelée à se prononcer sur une sanction disciplinaire se trouvait, nonobstant la suspension de son contrat de travail, sous la dépendance et l'autorité de son employeur, lequel devait déclarer cet accident à la caisse primaire d'assurance maladie)

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Aurore Joly-Aulon

Juriste spécialisée en droit de la protection sociale, Aurore a rapidement pris la responsabilité d’un service juridique au sein du Groupe CRIT. En charge des contentieux liés aux accidents du …