L’actualité sociale de la semaine : forfait jours, congés payés et véhicule électrique

Publié le 26/01/2024 à 07:58 dans Comité social et économique (CSE).

Temps de lecture : 4 min

Cette semaine, nous vous parlons de l’évaluation de l’avantage en nature en cas de mise à disposition d’un véhicule électrique. Nous nous arrêtons également sur deux décisions de la Cour de cassation. L’une porte sur le suivi de la charge de travail du salarié en forfait jours et l’autre sur le départ en congés payés du salarié sans qu’il ait préalablement informé son employeur.

Forfait jours : suivi de la charge de travail du salarié même en l’absence de dispositions conventionnelles

Les forfaits jours sont mis en place par un accord d’entreprise ou, à défaut, par un accord de branche. L’accord doit déterminer les modalités de l’évaluation et du suivi régulier de la charge de travail du salarié. A défaut, depuis la loi travail, les employeurs peuvent continuer d’appliquer le forfait jours sans risque mais à condition d’assurer le suivi de la charge de travail du salarié.

Pour cela, l’employeur doit :

  • Ă©tablir un document de contrĂ´le avec le nombre et la date des journĂ©es travaillĂ©es. Ce document peut ĂŞtre renseignĂ© par le salariĂ© ;
  • s’assurer que la charge de travail du salariĂ© est compatible avec le respect des temps de repos quotidiens et hebdomadaires ;
  • organiser un entretien annuel avec le salariĂ© pour Ă©voquer sa charge de travail, l’organisation de son travail, l’articulation entre activitĂ© professionnelle et vie personnelle, sa rĂ©munĂ©ration (Code du travail, art. L. 3121-65).

Dans l’affaire jugée par la Cour de cassation, l’accord qui permettait le recours au forfait jours n’était pas conforme aux dispositions légales. Les juges ont constaté que les tableaux de suivi ne reflétaient pas la réalité des jours travaillés par le salarié. Dans ces conditions, il apparaissait impossible à l'employeur de s'assurer que la charge de travail était compatible avec le respect des temps de repos quotidien et hebdomadaire. Les juges ont aussi constaté que l'employeur n'avait pas satisfait à son obligation d'organiser un entretien annuel sur la charge de travail du salarié. En raison des manquements de l’employeur, la convention individuelle de forfait jour est jugée nulle (Cass. soc., 10 janvier 2024, n° 22-15.782).

Congés payés : le salarié ne peut pas partir sans prévenir même en cas de manquement de l’employeur

En matière de congés payés, l’employeur doit respecter plusieurs étapes :

  • informer les salariĂ©s de la pĂ©riode de prise des congĂ©s au moins 2 mois avant son ouverture (Code du travail, art. D. 3141-5) ;
  • communiquer Ă  chaque salariĂ© l’ordre des dĂ©parts par tout moyen, un 1 mois avant son dĂ©part (Code du travail, art. D. 3141-6).

Si l’employeur ne respecte pas ces étapes, cette défaillance peut exonérer le salarié de sa responsabilité s’il part en congés payés sans avoir obtenu l’accord exprès de son employeur. Mais si le salarié n’a pas informé son employeur de son départ, et ce, même si ce dernier n’a pas respecté la législation afférente aux dates de congés, le salarié peut être sanctionné.

Dans cette affaire jugée par la Cour de cassation, le salarié s’était absenté un mois sans informer son employeur. Il avait été licencié pour faute grave. Les juges ont retenu que même si l’employeur n’avait pas respecté les règles relatives aux congés payés, le salarié ne pouvait pas prendre de congés sans les poser au préalable. Ils ne retiennent toutefois pas la faute grave dans le mesure où le salarié aurait pu être autorisé à prendre ses congés s’il avait formulé une telle demande (Cass. soc., 13 décembre 2023, n° 22-17.890).

Mise à disposition d’un véhicule électrique : évaluation de l’avantage en nature pour l’année 2024

En cas de mise à disposition d’un véhicule électrique par l’employeur, l’évaluation de l’avantage en nature est calculée après application d'un abattement de 50 % dans la limite, pour l’année 2023, de 1800 euros. Le BOSS annonce, dans une mise à jour du 22 janvier 2024, une revalorisation de ce plafond pour l’année 2024. Il est dorénavant fixé à 1964,90 euros.

Notez le

Pour l’évaluation de cet avantage en nature, il ne faut pas tenir compte des frais d'électricité engagés par l'employeur pour la recharge du véhicule.

Pour en savoir plus sur la revalorisation de tous les avantages en nature, des frais professionnels et autres valeurs qui sont traditionnellement modifiés en début d’année, vous pouvez télécharger notre dossier généraliste spécial paie :

Bulletin officiel de la Sécurité sociale, avantages en nature, paragraphes 800 et 811 mise à jour du 22 janvier 2024

Isabelle VĂ©nuat

Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot