Enfant gravement malade : de nouveaux droits pour les salariés

Publié le 11/07/2023 à 14:53, modifié le 17/07/2023 à 08:28 dans Congé, absence et maladie.

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Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus Ă  jour.

Une loi définitivement adoptée vient améliorer les droits des salariés en congé de présence parentale en créant une protection contre la rupture du contrat et en facilitant le renouvellement du congé. Elle allonge également le nombre de jours de congés en cas de maladie ou décès d’un enfant.

Ce qui change concernant le congé de présence parentale

La loi crée une protection contre le licenciement pour les salariés en congé de présence parentale.

Rappel

Dans le cas où l’enfant dont il a la charge est atteint d’une maladie, d’un handicap ou victime d’un accident d’une particulière gravité rendant indispensables une présence soutenue et des soins contraignants, le salarié est éligible au congé de présence parentale. La durée de ce congé est en principe de 310 jours ouvrés (soit environ 14 mois) sur une période de 3 ans. Les jours de congé de présence parentale sont indemnisés par la Caisse d’allocations familiales sous la forme d’allocations journalières de présence parentale (AJPP).

Il s’agirait, sur le modèle de la protection de la maternité, de la paternité ou des salariés dont un enfant décède, d’une interdiction a priori du licenciement.

Leur contrat de travail ne peut ainsi pas être rompu par l’employeur sauf :

  • faute grave de l’intĂ©ressĂ© :
  • ou impossibilitĂ© de maintenir ce contrat pour un motif Ă©tranger Ă  l’état de santĂ© de l’enfant.

Cette protection joue aussi pendant les périodes travaillées si le congé de présence parentale est fractionné ou pris à temps partiel.

La loi apporte aussi du changement concernant le renouvellement de ce congé.

A titre exceptionnel, le congé de présence parentale au titre de la même maladie, du même handicap ou du fait de l’accident, peut être renouvelé sans attendre l’expiration d’un délai de 3 ans, lorsque les 310 jours de congé sont épuisés. Pour cela, le médecin établit un nouveau certificat médical. Ensuite, le service médical de l’Assurance maladie devait donner son accord explicite dans un délai de 2 mois civil suivant la réception de la demande d’AJPP. Son silence vaut avis défavorable.

C’est une contrainte majeure pour les familles, le délai était souvent dépassé.

C’est pourquoi la loi supprime la condition d’accord explicite du service du contrôle médical pour procéder au renouvellement de l’allocation.

Il n’y a ainsi plus d’intervention du service de contrôle médical dans l’acceptation de la demande de renouvellement du congé de présence parentale. S’agissant du renouvellement de l’AJPP, la décision d’acceptation du service du contrôle médical pourra être implicite.

Bon Ă  savoir

La suppression de cet accord explicite figurait dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2023 mais le Conseil constitutionnel l’avait censuré car il a considéré que cela n’avait pas sa place dans une loi de financement de la Sécurité sociale, en raison de l’absence d’effet direct sur les dépenses des régimes obligatoires de base de la Sécurité sociale ou des organismes concourant à leur financement.

Autre nouveauté : les CAF vont pouvoir verser des avances dans l’attente de l’avis du service du contrôle médical des caisses primaires d’assurance maladie (CPAM).

Ce qui change concernant les congés pour événements familiaux

La loi allonge la durée minimale de deux types de congé.

Le premier c’est le congé pour l’annonce de la survenue du handicap, d’une pathologie chronique nécessitant un apprentissage thérapeutique ou d’un cancer chez un enfant. Ce congé va ainsi avoir une durée minimale d’au moins 5 jours au lieu de de 2.

Important

Si le congé pour l’annonce de la survenue d’un handicap existe depuis de nombreuses années, celui sur l’annonce d'une pathologie chronique ou un cancer a été créé par une loi du 17 décembre 2021 et est entré en vigueur seulement le 30 mars dernier. Il a en effet fallu attendre le décret d’application fixant la liste des pathologies chroniques concernées (voir notre article « Congés pour événements familiaux : précisions sur les maladies de l’enfant y ouvrant droit »).

Le second congé concerné, c’est le congé pour décès d’un enfant. Actuellement il est de :

  • 5 jours pour le dĂ©cès d’un enfant ;
  • ou 7 jours ouvrĂ©s lorsque l'enfant est dĂ©cĂ©dĂ© avant ses 25 ans, ou quel que soit son âge si l'enfant dĂ©cĂ©dĂ© Ă©tait lui-mĂŞme parent ou en cas de dĂ©cès d'une personne âgĂ©e de moins de 25 ans Ă  sa charge effective et permanente.

La loi fait passer le délai de 5 jours à 12 jours et celui de 7 jours à 14 jours.

Notez le

En plus de cette autorisation d'absence, il existe un congé de deuil indemnisé depuis le 1er juillet 2020, d’une durée d’en principe 8 jours ouvrables. Il est ouvert au salarié qui perd un enfant âgé de moins de 25 ans ou une personne à sa charge effective et permanente âgée de moins de 25 ans (voir notre article « Congé de deuil : les modalités de son fractionnement »).

Rappelons que ces différentes durées minimales prévues par la loi peuvent être augmentées par convention ou accord collectif d’entreprise, ou à défaut de branche. Il faut donc toujours vérifier si votre entreprise a un accord et ce que prévoit votre convention collective.

Pour tout savoir sur les congés pour événements familiaux (durée, motif, indemnisation), nous vous conseillons la documentation « Tissot Social Entreprise ACTIV ».

Important

La loi visant à renforcer la protection des familles d’enfants atteints d’une maladie ou d’un handicap ou victimes d’un accident d’une particulière gravité a été définitivement adoptée au Parlement. Elle ne sera toutefois applicable qu’après sa publication au journal officiel et sous réserve d’une éventuelle saisine du Conseil constitutionnel.

Notez que cette loi apporte aussi des modifications concernant le recours au télétravail des proches aidants (voir notre article « Télétravail : une nouvelle mention obligatoire sur vos accords et chartes»).

Proposition de loi visant à renforcer la protection des familles d’enfants atteints d’une maladie ou d’un handicap ou victimes d’un accident d’une particulière gravité, texte adopté par le Parlement le 12 juillet 2023

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Anne-Lise Castell

Juriste en droit social