Emploi des seniors : un avant-projet de loi prévoit une transposition de l’ANI du 14 novembre 2024

Publié le 31/03/2025 à 11:39
·Dans Embauche
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Temps de lecture : 7 min

Entretiens professionnels renforcés, nouvelles obligations de négocier pour les entreprises, création du contrat de valorisation de l’expérience, rétablissement de la retraite progressive à 60 ans. L’accord sur l’emploi des seniors du 14 novembre 2024 devrait être transposé dans la loi sans modification. C’est ce qu’il ressort du projet qui est actuellement soumis pour avis au Conseil d’Etat.

Le ministère du Travail s’est engagé à transposer l’accord interprofessionnel sur l’emploi des seniors. 

Ainsi, dans le cadre des négociations obligatoires, l’avant-projet de loi intègre le sujet de l’emploi et du travail des salariés expérimentés.

Nouvelle négociation sur l’emploi et le travail des salariés expérimentés

L’accord interprofessionnel (ANI) sur l’emploi des seniors du 14 novembre 2024 renforce le dialogue social sur l’emploi des seniors au niveau des branches professionnelles et au niveau des entreprises.

Au niveau des entreprises, la nouvelle obligation de négocier sur l’emploi, le travail et l’amélioration des conditions de travail des salariés expérimentés concerne les entreprises et les groupes d’entreprises d’au moins 300 salariés. 

Notez le

L’accord conclu au niveau de la branche peut comporter un plan d’action type à destination des entreprises de moins de 300 salariés. Si les négociations n’aboutissent pas, les entreprises pourraient le mettre en place, au moyen d’un document unilatéral, après information et consultation du CSE, s’il existe, ainsi que les salariés, par tout moyen.

Si un accord est conclu, que ce soit au niveau de la branche ou de l’entreprise, la négociation devrait avoir lieu au moins tous les 4 ans. 

A défaut d’un accord de méthode, l’engagement des négociations serait engagé tous les 3 ans. Précédée d’une phase de diagnostic, la négociation devrait obligatoirement porter sur les thèmes suivants :

  • le recrutement des salariĂ©s expĂ©rimentĂ©s ;
  • leur maintien dans l’emploi et l’amĂ©nagement des fins de carrière, en particulier les modalitĂ©s d'accompagnement Ă  la retraite progressive ou au temps partiel ;
  • la transmission de leurs savoirs et compĂ©tences, en particulier les missions de mentorat, de tutorat et de mĂ©cĂ©nat de compĂ©tences.

Un décret devra préciser les modalités de cette  négociation. 

Elle peut également porter sur : 

  • le dĂ©veloppement des compĂ©tences et l’accès Ă  la formation ;
  • les impacts des transformations technologiques et environnementales sur les mĂ©tiers ;
  • les pratiques managĂ©riales mobilisables ;
  • les modalitĂ©s d’écoute des salariĂ©s concernant l’exercice de leurs missions ;
  • la santĂ© au travail et la prĂ©vention des risques professionnels, notamment au travers de la mobilisation de dispositifs tels que le fonds national de prĂ©vention des accidents du travail, le fonds d'investissement dans la prĂ©vention de l'usure professionnelle ;
  • l’organisation et les conditions de travail ;
  • les relations sociales.

Suivi professionnel renforcé

Visite médicale de mi-carrière et entretien professionnel des 45 ans

Afin de préparer la seconde partie de la vie professionnelle des salariés, l’entretien professionnel réalisé autour du 45e anniversaire du salarié serait renforcé, quelle que soit son ancienneté dans l’entreprise.

Ainsi, l’entretien professionnel qui suit ou précède les 45 ans du salarié devrait être organisé dans les 2 mois suivant la visite médicale de mi-carrière.Cela permettrait d’évoquer les préconisations éventuellement faites par le médecin du travail et d’aborder, le cas échéant :

  • l’adaptation ou l’amĂ©nagement des missions et du poste de travail ;
  • la prĂ©vention de situations d’usure professionnelle ;
  • les besoins en formation et les Ă©ventuels souhaits de mobilitĂ©s ou de reconversion professionnelle permettant d'anticiper et de prĂ©parer la seconde partie de carrière.

Notez le

Si un accord de branche prévoit une visite médicale de mi-carrière anticipée, l’entretien professionnel pourrait être également anticipé.

A la demande du salarié, cet entretien professionnel renforcé pourrait être préparé avec l’aide d’un conseiller en évolution professionnelle.

A l’issue de l’entretien, le salarié bénéficierait d’un bilan incluant les aspects relatifs à sa santé, ses compétences, ses qualifications, sa formation, ses souhaits de mobilité, aux actions de prévention de la désinsertion et de l’usure professionnelles. 

Attention

Une copie de ce bilan devrait être remise :

  • au salariĂ© ;
  • au service de prĂ©vention et de santĂ© au travail.

Entretien professionnel réalisé 2 ans avant les 60 ans

Deux ans avant les 60 ans du salarié, au cours de l’entretien professionnel, il devrait être abordé :

  • les conditions du maintien dans l’emploi du salarié ;
  • les possibilitĂ©s d’amĂ©nagements de fin de carrière comme le sujet de la retraite progressive.

Expérimentation du contrat de valorisation de l’expérience

Afin de favoriser le retour à l’emploi des seniors, l’ANI prévoit, à titre expérimental, la création du « contrat de valorisation de l’expérience ». 

Repris par le projet de loi, ce contrat expérimenté pour une durée de 5 ans, serait un CDI ouvert aux demandeurs d’emploi d’au moins 60 ans (voire dès 57 ans si un accord de branche étendu prévoit). Sauf exceptions, le candidat ne devrait pas bénéficier d’une pension retraite.

Ce contrat de travail suivrait les mêmes règles que le CDI, exception faite de celles relatives à la mise à la retraite.

Attention

Le candidat ne devra pas avoir été employé au sein de l’entreprise ou, si l’entreprise appartient à un groupe, au sein d’une entreprise du groupe au cours des 6 mois précédant la conclusion de ce contrat expérimental. 

La mise à retraite ne pourrait être envisagée que lorsque le salarié a atteint l’âge légal de départ ou celui qui lui permet de remplir les conditions de liquidation à taux plein. L’employeur ne pourrait pas procéder avant cette échéance pour bénéficier de l’exonération de la contribution patronale spécifique de 30 % sur l’indemnité de mise à la retraite.

Bon Ă  savoir

Lors de la signature du contrat, le salarié remettrait à l’employeur un document transmis par sa caisse d’assurance vieillesse qui mentionne la date prévisionnelle d’obtention de ses droits à liquidation de retraite à taux plein.

Si l’employeur rompait le contrat de travail sans que les conditions de la mise à la retraite ne soient réunies, cette rupture constituerait un licenciement.

Retraite progressive

La retraite progressive permet au salarié de bénéficier d’une fraction de sa retraite tout en exerçant une activité professionnelle réduite et en améliorant ses droits à la retraite.

Actuellement, le dispositif est ouvert aux salariés qui sont à 2 ans, voire moins, de l’âge légal de départ à la retraite et ayant acquis 150 trimestres. Ce qui fait, qu’à terme, le dispositif sera ouvert aux salariés ayant au moins 62 ans.

Sachez que l’ANI prévoit que l’accès à ce dispositif sera ouvert dès 60 ans.

Notez le

Le refus de l’employeur de la demande de retraite progressive doit être justifié par l'incompatibilité de la durée de travail demandée par le salarié avec l'activité économique de l'entreprise. L’avant-projet de loi demande d’être plus précis. Si le projet est adopté sans modification, cette justification devrait notamment tenir compte de l’impact de cette durée de travail sur la continuité d’activité de l’entreprise ou du service dans lequel exerce le salarié ayant fait la demande, et des tensions de recrutement objectives sur le poste concerné.

Le temps partiel de fin de carrière

Pour prolonger l’activité des seniors, l’avant-projet de loi transpose la possibilité pour le salarié de demander à passer à temps partiel (ou au forfait jours réduit) sur son poste ou un autre avec la possibilité, pour l’employeur, de compenser tout ou partie de la perte de revenu du salarié selon des modalités définies par accord collectif d’entreprise ou de branche :

  • un accord collectif pourrait prĂ©voir les modalitĂ©s de ce financement avec l’affectation de l’indemnitĂ© de dĂ©part en retraite au maintien total ou partiel de rĂ©munĂ©ration ;
  • si le montant de l’indemnitĂ© de dĂ©part Ă  la retraite est supĂ©rieur au montant des sommes correspondantes Ă  la compensation du maintien de la rĂ©munĂ©ration, le reliquat serait versĂ© au salariĂ©.

Ce temps partiel s’appliquerait jusqu’à la liquidation de la retraite à taux plein, ou jusqu’au recours au dispositif de retraite progressive. Toutefois la réversibilité du temps partiel est possible avec l’accord des deux parties ou selon les modalités définies par accord collectif.

Ce texte sera présenté prochainement au Conseil des ministres. Le texte devrait être discuté devant le Parlement à partir du mois d’avril pour une adoption définitive planifiée courant juin. 


Avant-projet de loi portant transposition des accords nationaux interprofessionnels en faveur de l’emploi des salariés expérimentés et relatif à l’évolution du dialogue social

Isabelle Vénuat

Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot

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