Conditions de travail : le télétravail augmente le risque de lombalgie

Les impacts de l’organisation du travail sur la santé des travailleurs et notamment le développement de troubles musculosquelettiques (TMS) n’est plus à démontrer. Dans une étude publiée le 16 octobre 2023, Santé Publique France s’est penchée spécifiquement sur le lien entre la pratique du télétravail et le risque de développer une lombalgie (douleur localisée entre la charnière thoraco-lombaire et le pli fessier inférieur).

La crise sanitaire du Covid-19 a modifié de manière importante l’activité professionnelle et son organisation, notamment par un recours accru au télétravail. Ce contexte a rendu nécessaire de « mieux comprendre les liens entre conditions de travail, symptomatologie dépressive et survenue de la lombalgie » indique Santé Publique France. D’autant plus que le télétravail, qu’il soit pratiqué à temps plein ou à temps partiel (on parle alors de travail hybride), s’est depuis inscrit dans la durée.

L’étude a été menée sur près de 1500 travailleurs, indemnes de lombalgie au début du troisième confinement (du 3 avril au 2 mai 2021). Plusieurs variables ont été prises en compte, en particulier le nombre de jours de télétravail effectués par semaine, le niveau de satisfaction du travailleur concernant ses conditions de travail, le genre, l’âge et la corpulence. Selon les résultats de l’étude, la quotité hebdomadaire de télétravail semble effectivement avoir un impact sur la survenue de lombalgie. Ainsi, 9 % des télétravailleurs à temps plein ont signalé une lombalgie contre 5 % pour les télétravailleurs à temps partiel et 4,8 % pour les travailleurs ne pratiquant pas le télétravail.

Autres enseignements de l’étude : les conditions matérielles du télétravailleur et la quotité de télétravail effectuée chaque semaine influencent le niveau de satisfaction du télétravailleur et plus cette satisfaction est élevée, plus elle diminue le risque de développer des symptômes dépressifs qui eux-mêmes augmentent le risque de survenue de lombalgie.

« Ces résultats mettent en avant l’importance des conditions matérielles de télétravail (...) mais aussi de certains aspects organisationnels du travail tels que la quotité de télétravail hebdomadaire pour réduire les répercussions sur la santé », indique Santé Publique France. Par conséquent, elle recommande aux entreprises de miser sur plusieurs leviers d’actions pour réduire les effets sur la santé des télétravailleurs, notamment :

• mettre en place des mesures visant à réduire l’impact négatif du télétravail ;
• fournir un matériel adapté pour le domicile du télétravailleur : double-écran, chaise de bureau et clavier ;
• diffuser des recommandations ergonomiques pour l’aménagement du poste de travail ;
• veiller à la quotité de télétravail mise en œuvre et encourager le télétravailleur à effectuer des pauses régulières ;
• combiner ces mesures ergonomiques et organisationnelles avec des approches multidimensionnelles impliquant toutes les parties prenantes.

Rappelons que la prévention des risques physiques et psychosociaux des travailleurs constitue une obligation pour l’employeur et ce même lorsque les travailleurs n’exercent pas sur leur lieu de travail.

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Etude des relations complexes entre conditions de télétravail et survenue de lombalgie tenant compte de la symptomatologie dépressive, Santé Publique France, 16 octobre 2023