Préretraite : l’adhésion volontaire d’un salarié écarte l’existence d’une discrimination en raison de l’âge
Temps de lecture : 4 min
Garanti par le droit national et européen, le droit à la non-discrimination en raison de l’âge doit être respecté sans exception. La mise en œuvre d’un dispositif conventionnel de préretraite ne fait donc l’objet d’aucune faveur. Prudence cependant, comme vient de le souligner la Cour de cassation, son invocabilité demeure suspendue aux circonstances entourant l’adhésion du salarié.
Dispositif conventionnel de préretraite : de quoi parle-t-on ?
La préretraite est un dispositif singulier institué par certaines sources conventionnelles.
Adoptant la forme d’un congé spécial, il offre la possibilité à un salarié en fin de carrière de :
cesser, par anticipation, son activité professionnelle ;
tout en bénéficiant d’un maintien partiel de sa rémunération ;
et ce, jusqu’à la liquidation de ses droits à la retraite.
Le concept de préretraite bénéficie assurément, à l’heure de l’entrée en vigueur de la dernière réforme des retraites, d’un surcroît de visibilité.
Et pour cause, ces dispositifs traduisent l’intention des partenaires sociaux de prémunir les salariés contre l’allongement des carrières professionnelles et les risques que cela suscite sur leur santé et leur employabilité.
Pour autant, chassons les a priori aveuglants. Même si la préretraite se présente, à juste titre, comme un dispositif bénéfique, sa mise en œuvre n’est pas exempte de risques, particulièrement en termes de contentieux.
En effet, comme l’illustre une récente décision de la Cour de cassation, des litiges peuvent notamment se nouer au sujet de l’adhésion du salarié au dispositif.
La suite du contenu est réservée aux abonnés à l'Actualité Premium
Essayez l'Actualité Premium
À partir de 9,90€ / mois- Déblocage de tous les articles premium
- Accès illimité à tous les téléchargements
Dispositif conventionnel de préretraite : de quoi parle-t-on ?
La préretraite est un dispositif singulier institué par certaines sources conventionnelles.
Adoptant la forme d’un congé spécial, il offre la possibilité à un salarié en fin de carrière de :
cesser, par anticipation, son activité professionnelle ;
tout en bénéficiant d’un maintien partiel de sa rémunération ;
et ce, jusqu’à la liquidation de ses droits à la retraite.
Le concept de préretraite bénéficie assurément, à l’heure de l’entrée en vigueur de la dernière réforme des retraites, d’un surcroît de visibilité.
Et pour cause, ces dispositifs traduisent l’intention des partenaires sociaux de prémunir les salariés contre l’allongement des carrières professionnelles et les risques que cela suscite sur leur santé et leur employabilité.
Pour autant, chassons les a priori aveuglants. Même si la préretraite se présente, à juste titre, comme un dispositif bénéfique, sa mise en œuvre n’est pas exempte de risques, particulièrement en termes de contentieux.
En effet, comme l’illustre une récente décision de la Cour de cassation, des litiges peuvent notamment se nouer au sujet de l’adhésion du salarié au dispositif.
Discrimination fondée sur l’âge : irrecevable en cas d’adhésion volontaire au dispositif
La présente affaire débute par le départ à la retraite d’un salarié exerçant les fonctions de cadre conseiller. Bien qu’âgé de 59 ans, il bénéficie du dispositif de préretraite institué dans son entreprise.
Seulement, le salarié conteste cette mesure quatre années plus tard, prétendant que celle-ci lui a été imposée.
Devant les juges du fond, ce dernier fait valoir que sa mise à la retraite présentait un caractère discriminatoire en raison de son âge. Dès lors, il sollicite l’assimilation de la rupture de son contrat de travail à un licenciement nul ainsi que le versement de diverses indemnités.
Toutefois, la cour d’appel de Versailles ne fait pas droit à ses demandes. Un pourvoi en cassation est alors formé. Mais là encore, la Cour de cassation confirme la position adoptée par les juges d’appel.
En vertu d’une jurisprudence constante, elle rappelle que le principe de non-discrimination en raison de l'âge n'est pas applicable à la rupture d'un contrat de travail résultant de l'adhésion volontaire d'un salarié à un dispositif de préretraite.
Or, les faits démontraient que le départ à la retraite du salarié résultait bien d’un accord conclu entre les parties. En l’occurrence, cette entente était intervenue dans un contexte marqué par la cession de l’activité dont il relevait à une autre société. Ce dernier ne souhaitant pas rejoindre celle-ci, le recours au dispositif de préretraite s’était présenté comme une solution adéquate.
La Haute juridiction relève également que l’accord du salarié a été donné en l’absence même de tout vice du consentement (erreur, dol, violence).
Partant de ces constats, la cour d’appel a effectivement pu caractériser la volonté du salarié de partir à la retraite avant ses 60 ans. Le principe de non-discrimination en raison de l’âge ne pouvait donc recevoir application.
Bon Ă savoir
La Cour de cassation institue ici une réserve notable. Seul un vice du consentement permettrait de remettre en cause la volonté d’adhésion du salarié. Dès lors, si un cas d’erreur, de dol ou de violence était constaté, il pourrait ouvrir la possibilité d’invoquer l’existence d’une discrimination fondée, entre autres, sur l’âge.
Pour en savoir davantage sur le départ à la retraite d’un salarié, les Editions Tissot vous suggèrent leur documentation « Gérer le personnel ACTIV ».
Cour de cassation, chambre sociale, 6 septembre 2023, n° 22-10.656 (il résulte de la jurisprudence constante de la Cour de cassation que le principe de non-discrimination en raison de l'âge n'est pas applicable à la rupture d'un contrat de travail résultant de l'adhésion volontaire d'un salarié à un dispositif de pré-retraite prévu par un accord collectif)
Juriste en droit social et rédacteur au sein des Editions Tissot
- Solde de tout compte : comment l’établir ?Publié le 01/04/2024
- CDD : peut-on le rompre par anticipation ?Publié le 01/04/2024
- Ai-je le droit de rompre la période d’essai alors que la date limite du délai de prévenance est passée ?Publié le 21/03/2024
- Tout savoir sur la dispense de préavisPublié le 18/03/2024
- Rupture conventionnelle : faut-il respecter un délai entre l’entretien et la signature de la convention ?Publié le 15/03/2024