La reconnaissance par les conditions de travail : la boîte à outils de l’ergonomie
Les employeurs et encadrants font rĂ©gulièrement face Ă une forte demande de reconnaissance venant des Ă©quipes. Dans un environnement Ă©conomique complexe, oĂą les leviers financiers sont encadrĂ©s, le dĂ©ficit de reconnaissance sous forme de gratification peut ĂŞtre une source de mĂ©contentement.Â
Il existe d’autres leviers de reconnaissance qui ne portent pas sur des rétributions financières ou statutaires mais qui offrent la possibilité de s’interroger sur l’amélioration des conditions de travail. L’agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) souligne notamment l’importance d’une reconnaissance fondée sur le travail*.
Les démarches de reconnaissance par l’amélioration des conditions de travail sont de vrais leviers pour améliorer la satisfaction des salariés, leur engagement, les fidéliser et créer les conditions d’une progression des performances de l’entreprise. Dans cette optique, les outils de l’ergonomie sont particulièrement adaptés à l’identification de pistes d’amélioration opérationnelles ayant de réels impacts.
Transformer les remontées négatives en pistes d’investigation
Il est en premier lieu nĂ©cessaire de comprendre les difficultĂ©s en captant les signaux faibles et forts Ă©mis : plaintes, accidentologie, absentĂ©isme, problèmes de qualitĂ©, etc. Cette Ă©tape est incontournable puisqu’elle permet de dĂ©finir les pistes d’investigations Ă dĂ©tailler dans le cadre de la phase suivante.Â
A titre d’exemple, de nombreuses situations de conflits entre salariĂ©s tirent leur origine de dysfonctionnements que l’étude ergonomique peut faire Ă©merger : collaboration opĂ©rationnelle entre services, rĂ©partition de la charge de travail et des tâches pĂ©nibles, etc.Â
Observer et comprendre le travail
La seconde Ă©tape nĂ©cessite de se pencher sur le travail et ses conditions rĂ©elles. Il est alors nĂ©cessaire d’aller sur le terrain. Cela nĂ©cessite une prise de recul, un regard neutre et une posture de recueil et d’écoute. L’enjeu est de comprendre ce qui est rĂ©ellement fait, les contraintes, les ressources, les alĂ©as, les irritants, les stratĂ©gies et modes opĂ©ratoires concrets dĂ©ployĂ©s par les Ă©quipes.Â
Une observation ergonomique permet d’identifier dans le dĂ©tail :Â
- les tâches réalisées ;
- les sollicitations physiques ;
- l’origine et la fréquence des interruptions ;
- les arbitrages et contrôles réalisés ;
- ou encore les Ă©lĂ©ments de charge mentale.Â
L’objectif Ă©tant d’avoir une analyse fine et objectivĂ©e des dĂ©terminants du travail. Cela permet notamment de mettre en Ă©vidence certaines tâches mal identifiĂ©es et pourtant très impactantes : contrĂ´les informels qui permettent l’anticipation des problèmes ou Ă l’inverse opĂ©rations rĂ©pĂ©tĂ©es sans valeur ajoutĂ©e, etc.Â
Cette Ă©tape est incontournable. Elle permet de questionner les sources plurielles des difficultĂ©s professionnelles et peut Ă©galement crĂ©er une dynamique de rĂ©flexion au sein des Ă©quipes sur les leviers d’amĂ©lioration.Â
Disposer de solutions opérationnelles et adaptées
La dernière Ă©tape est la constitution d’un plan d’action avec l’ensemble des leviers opĂ©rationnels qui permettront d’amĂ©liorer la situation. Ces solutions portent Ă la fois sur :Â
l’organisation : du travail, des équipes, la structuration des flux, l’utilisation des locaux ;
la technique : les outils utilisĂ©s, les besoins techniques supplĂ©mentaires, les optimisations envisageables ;Â
l’humain : les modes opératoires, les collaborations, la formation.
Ces solutions doivent ĂŞtre ambitieuses, opĂ©rationnelles et adaptĂ©es au besoin. En cela, leur dĂ©finition est un travail collectif qui doit tenir compte des diffĂ©rents enjeux (commerciaux, techniques, financiers, etc.). Cela nĂ©cessite Ă©galement de porter un soin particulier aux cahiers des charges des solutions identifiĂ©es.Â
Les observations prĂ©cises et la rĂ©flexion collective permettent d’éviter les Ă©cueils : solutions techniquement inadaptĂ©es, contournements… De nombreux outils, parfois onĂ©reux, sont malheureusement sous-utilisĂ©s au regard de ces Ă©cueils, en raison d’un dĂ©ficit d’analyse de l’activitĂ©.Â
Les démarches d’intervention ergonomique sont un levier de progrès majeur dans les conditions de travail et la qualité de vie et, plus globalement, dans la politique de reconnaissance des entreprises. Elles nécessitent une méthodologie solide et adaptée au contexte pour disposer au final de solutions opérationnelles et qui auront des impacts.
SVP Ergonomie est spécialisé dans la santé au travail, le handicap et la prévention des risques professionnels. Avec plus de 30 ans d’expérience, SVP Ergonomie propose des solutions innovantes et éprouvées, adaptées aux réalités de chaque entreprise privée ou établissement du secteur public.
*ANACT, 10 questions sur la reconnaissance au travail, 2017
Consultant santé au travail au sein de SVP Ergonomie
Basé à Lyon, Christophe Pouilhe intervient depuis 10 ans auprès d’entreprises de tous secteurs d’activités pour promouvoir la santé au travail. Ses formations en ergonomie et en sociologie des …
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