La semaine de travail de 4 jours : l’heure des premiers bilans

Il s’agissait d’un outil devant permettre d’améliorer la qualité de vie au travail, la performance ainsi que l’attractivité de cet organisme de Sécurité sociale.

Seulement, à l’heure du premier bilan, la directrice adjointe de l’URSSAF Picardie, Anne-Sophie Rousseau, dresse un constat décevant mais clairvoyant : la formule proposée n’a pas séduit. Et pour cause, seules trois salariées y ont adhéré parmi les presque deux cents collaborateurs éligibles.

Pour autant, les causes de cet insuccès sont d’ores et déjà identifiées. La parentalité, et plus largement la difficulté à concilier sa vie professionnelle et personnelle, étant la plus significative en raison notamment :

• de l’allongement de la durée journalière de travail ;

• et de la perte de souplesse dans le choix du jour non travaillé.

Malgré leur infériorité numérique, les salariées assujetties à la semaine de quatre jours expriment une certaine satisfaction. Le jour de repos permettant, entre autres, d’instituer une coupure salutaire dans la semaine de travail.

Tenant compte de ces différents constats, Anne-Sophie Rousseau a précisé que l’expérimentation, toujours en cours, fera l’objet d’une nouvelle campagne au 1er septembre 2023. Un alignement à l’année scolaire devrait alors permettre d’obtenir des résultats plus probants. En outre, quelques changements notables pourraient intervenir concernant :

• les modalités relatives au choix du jour de repos ;

• le champ des bénéficiaires (les cadres en forfaits-jours et les managers étant actuellement exclus).

Néanmoins, aucun changement ne sera acté en termes de durée du travail.

C’est un bilan extrêmement positif que la directrice des richesses humaines, Camille Darde, présente en avant-première.

Cette expérimentation avait été initialement engagée pour les raisons suivantes :

• améliorer l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle ;

• augmenter la créativité, l’innovation, le repos et la prise de recul ;

• favoriser une présence plus qualitative ;

• améliorer la santé des salariés ainsi que leur engagement.

Différents indicateurs viennent étayer ce bilan convaincant :

• amélioration de la productivité : hausse de la satisfaction clients, réduction des délais ;

• réduction significative de l’absentéisme (70 %) et du turn-over ;

• accroissement de l’engagement des salariés avec un eNPS (outil de mesure) situé à 48.

Toutefois, l’enquête menée auprès des salariés révèle un fait important. En effet, plus de 40 % d’entre eux indiquent avoir occasionnellement, mais parfois régulièrement, travaillé durant leur jour de repos. Cette donnée, certes corrigible, illustre parfaitement la lourde exigence que la semaine de 4 jours institue en termes de réorganisation du travail.

Le retour d’expérience exposé par Abdénour Ainseba, président et fondateur d’IT Partner, se démarque pour deux raisons. En effet, son entreprise :

• applique la semaine de quatre jours de manière définitive ;

• bénéficie d’une expérience plus approfondie sur le sujet.

Même si la semaine de 4 jours fait dorénavant l’unanimité, ce dernier rappelle que sa mise en place a pris un certain temps. Effectivement :

• à l’origine, l’accueil des salariés était plutôt poli mais sans conviction ;

• les résultats de la première année étaient plutôt moyens (le premier été ayant servi de « crash-test »).

Ainsi, la semaine de 4 jours nécessite avant tout un « terreau fertile », c’est-à-dire :

• un modèle économique performant ;

• une politique salariale efficiente pour éviter le cumul d’emplois ;

• mais aussi un dialogue social de qualité.

Elle suppose également un effort conséquent d’anticipation car celle-ci implique notamment de rebalayer l’organisation du travail ainsi que la philosophie de l’entreprise. Dans le cas d’IT Partner, ces travaux ont été engagés sur une période de quatre mois environ.

Abdénour Ainseba a également profité de l’occasion pour rappeler que, une fois instituée, le retour en arrière devenait presque impossible.