Emploi des seniors… Et si on faisait un petit état des lieux ?

Publié le 19/12/2023 à 08:18 dans Management.

Temps de lecture : 5 min

Le 1er septembre dernier, la réforme des retraites est entrée en application. L’occasion nous est ainsi donnée de mettre un coup de projecteur sur la seconde partie de carrière des Français… Leur taux d’emploi progresse-t-il ? Quelle est leur place dans l’entreprise ? Quel est leur rapport au travail ? État des lieux dans les lignes qui suivent…

L’emploi des seniors progresse jusqu’à 60 ans, puis baisse au-delà

La dernière étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, relative à l’emploi des seniors en France, a été publiée en janvier 2023. Elle portait sur l’année 2021 ; voici quels en étaient les points clés :

  • des taux d’emploi et d’activitĂ© au plus haut depuis 1975 : si le taux d’emploi des personnes de 55 Ă  64 ans a augmentĂ© de façon progressive depuis le milieu des annĂ©es 70, il a effectuĂ© un vĂ©ritable bond entre 2014 et 2021, avec une progression de 7,7 points. En 2021, 56 % des 55-64 ans possĂ©daient un emploi et 59,7 % Ă©taient en activitĂ© ;
  • mais le taux d’emploi est en forte diminution après 60 ans : il tombe mĂŞme Ă  moins de 20 % après 64 ans !
  • le taux français est infĂ©rieur Ă  celui de l’UE : l’Union europĂ©enne, stimulĂ©e par la Suède et l’Allemagne (respectivement : 76,9 % et 71,8 %), affiche en effet un taux d’emploi moyen des seniors de 60,5 % ;
  • plus de travailleurs Ă  temps partiel : entre 55 et 64 ans, les personnes sont plus nombreuses Ă  travailler Ă  temps partiel ; un type de contrat qui augmente d’ailleurs avec l’âge, surtout pour les seniors qui cumulent retraite et emploi ;
  • comme partout, des disparitĂ©s hommes-femmes ! En effet, le taux d’emploi chez les femmes de 55 Ă  64 ans est de 54,3 % contre 57,7 % pour les hommes. Un Ă©cart existe aussi en ce qui concerne le taux d’activitĂ©, qui est de 57,9 % pour les femmes et 61,7 % pour les hommes. Les femmes sont Ă©galement davantage Ă  temps partiel : 32 % contre 11 % des hommes, et en « sous-emploi » : 7,8 % contre 4,3 % pour les hommes. Enfin, le taux de chĂ´mage est lĂ©gèrement plus faible chez les femmes seniors : 6,1 % contre 6,5 % chez les hommes… Cela ne signifie pas pour autant qu’elles travaillent plus ; les statistiques indiquent qu’elles sont tout simplement plus frĂ©quemment « inactives » sans pour autant ĂŞtre retraitĂ©es.

Plus de 55 ans… Quel rapport au travail ?

Selon une étude menée par le cabinet AlterNego début 2023, loin d’être fatigués ou démotivés par leur travail, les seniors se disent plutôt en forme, engagés, dynamiques, curieux, avides d’apprendre et ouverts au changement. Ils souhaitent aussi transmettre leur savoir-faire aux nouvelles générations.

Ces affirmations sont corroborées par quelques données chiffrées :

  • seuls 17 % indiquent avoir « moins d’énergie qu’avant dans leur travail » ;
  • 19 % reconnaissent ĂŞtre « moins concentrĂ©s ».
  • 24 % dĂ©clarent « faire de leur travail une prioritĂ© moins importante qu’avant » ;
  • en revanche, près de 90 % des rĂ©pondants dĂ©clarent souhaiter transmettre ce qu’ils savent de leur travail et de leur entreprise ;
  • 75 % (80 % chez les managers) seraient d’accord – s’ils ne le font pas dĂ©jĂ  – pour effectuer du mĂ©cĂ©nat de compĂ©tences, mais aussi et surtout pour assurer le rĂ´le de tuteur avec les nouvelles recrues.

Et, par ailleurs, contrairement à ce que les employeurs peuvent penser, l’étude indique que plus ils avancent en âge, moins les attentes des seniors en matière d’aménagement de poste et de temps de travail sont importantes.

Plus de 55 ans… Quelle place dans l’entreprise ?

S’ils affichent majoritairement motivation, engagement, confiance et optimisme envers leur entreprise, les seniors interrogés par AlterNego reconnaissent aussi se heurter à des stéréotypes négatifs de la part des employeurs, voire de leurs collègues. Et cet état de fait est, lui aussi, confirmé par une étude datant de 2022… Réalisée par l’institut Ipsos pour l’association À Compétence Égale,,elle décrit l’évolution de leur place dans l’entreprise. Et là, le constat est moins réjouissant ! « Difficulté d’intégration dans des équipes plus jeunes », « faible adaptation aux nouvelles technologies », « faible temps restant avant la retraite » : tels sont les trois facteurs de réticence le plus souvent évoqués par les recruteurs lorsqu’il s’agit d’embaucher un profil « senior ». Et d’évoquer également des difficultés d’intégration, la résistance aux changements organisationnels et un manque de compétences numériques… En bref, l’étude souligne assez largement les nombreux freins qui demeurent quant à la perception d’employabilité des seniors.


*
Enquête AlterNego réalisée en ligne du 15 janvier au 15 février 2023 auprès de 10 205 salariés de 45 ans et plus en emploi. Non-managers : 66 %. Managers : 34 %. Hommes : 54 %. Femmes : 46 %.
** Baromètre « Les seniors et l’accès à l’emploi » mené par Ipsos pour l’association À Compétence Égale, qui lutte contre les discriminations en entreprise, réalisée en juillet 2022 auprès de deux échantillons de 500 profils candidats âgés de 40 ans et plus (actifs, salariés, à leur compte ou en recherche d’emploi) et 500 recruteurs, en cabinet de recrutement ou en interne (dirigeants, RH, managers opérationnels…) et publié le jeudi 29 septembre 2022

3770

Valérie Macquet

Conceptrice- rédactrice, conseil en écriture, auteur, biographe, formatrice pour adultes

Après avoir été gérante d’une agence de communication, directrice déléguée d’un hebdomadaire, puis manager commerciale d’une équipe de commerciaux grands comptes, j’en ai eu assez de jongler avec …