Emploi des seniors… Et si on faisait un petit état des lieux ?
Temps de lecture : 5 min
Le 1er septembre dernier, la réforme des retraites est entrée en application. L’occasion nous est ainsi donnée de mettre un coup de projecteur sur la seconde partie de carrière des Français… Leur taux d’emploi progresse-t-il ? Quelle est leur place dans l’entreprise ? Quel est leur rapport au travail ? État des lieux dans les lignes qui suivent…
L’emploi des seniors progresse jusqu’à 60 ans, puis baisse au-delĂ
La dernière étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, relative à l’emploi des seniors en France, a été publiée en janvier 2023. Elle portait sur l’année 2021 ; voici quels en étaient les points clés :
- des taux d’emploi et d’activité au plus haut depuis 1975 : si le taux d’emploi des personnes de 55 à 64 ans a augmenté de façon progressive depuis le milieu des années 70, il a effectué un véritable bond entre 2014 et 2021, avec une progression de 7,7 points. En 2021, 56 % des 55-64 ans possédaient un emploi et 59,7 % étaient en activité ;
- mais le taux d’emploi est en forte diminution après 60 ans : il tombe même à moins de 20 % après 64 ans !
- le taux français est inférieur à celui de l’UE : l’Union européenne, stimulée par la Suède et l’Allemagne (respectivement : 76,9 % et 71,8 %), affiche en effet un taux d’emploi moyen des seniors de 60,5 % ;
- plus de travailleurs à temps partiel : entre 55 et 64 ans, les personnes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel ; un type de contrat qui augmente d’ailleurs avec l’âge, surtout pour les seniors qui cumulent retraite et emploi ;
- comme partout, des disparités hommes-femmes ! En effet, le taux d’emploi chez les femmes de 55 à 64 ans est de 54,3 % contre 57,7 % pour les hommes. Un écart existe aussi en ce qui concerne le taux d’activité, qui est de 57,9 % pour les femmes et 61,7 % pour les hommes. Les femmes sont également davantage à temps partiel : 32 % contre 11 % des hommes, et en « sous-emploi » : 7,8 % contre 4,3 % pour les hommes. Enfin, le taux de chômage est légèrement plus faible chez les femmes seniors : 6,1 % contre 6,5 % chez les hommes… Cela ne signifie pas pour autant qu’elles travaillent plus ; les statistiques indiquent qu’elles sont tout simplement plus fréquemment « inactives » sans pour autant être retraitées.
Plus de 55 ans… Quel rapport au travail ?
Selon une étude menée par le cabinet AlterNego début 2023, loin d’être fatigués ou démotivés par leur travail, les seniors se disent plutôt en forme, engagés, dynamiques, curieux, avides d’apprendre et ouverts au changement. Ils souhaitent aussi transmettre leur savoir-faire aux nouvelles générations.
Ces affirmations sont corroborées par quelques données chiffrées :
- seuls 17 % indiquent avoir « moins d’énergie qu’avant dans leur travail » ;
- 19 % reconnaissent être « moins concentrés ».
- 24 % déclarent « faire de leur travail une priorité moins importante qu’avant » ;
- en revanche, près de 90 % des répondants déclarent souhaiter transmettre ce qu’ils savent de leur travail et de leur entreprise ;
- 75 % (80 % chez les managers) seraient d’accord – s’ils ne le font pas déjà – pour effectuer du mécénat de compétences, mais aussi et surtout pour assurer le rôle de tuteur avec les nouvelles recrues.
Et, par ailleurs, contrairement à ce que les employeurs peuvent penser, l’étude indique que plus ils avancent en âge, moins les attentes des seniors en matière d’aménagement de poste et de temps de travail sont importantes.
Plus de 55 ans… Quelle place dans l’entreprise ?
S’ils affichent majoritairement motivation, engagement, confiance et optimisme envers leur entreprise, les seniors interrogés par AlterNego reconnaissent aussi se heurter à des stéréotypes négatifs de la part des employeurs, voire de leurs collègues. Et cet état de fait est, lui aussi, confirmé par une étude datant de 2022… Réalisée par l’institut Ipsos pour l’association À Compétence Égale,,elle décrit l’évolution de leur place dans l’entreprise. Et là , le constat est moins réjouissant ! « Difficulté d’intégration dans des équipes plus jeunes », « faible adaptation aux nouvelles technologies », « faible temps restant avant la retraite » : tels sont les trois facteurs de réticence le plus souvent évoqués par les recruteurs lorsqu’il s’agit d’embaucher un profil « senior ». Et d’évoquer également des difficultés d’intégration, la résistance aux changements organisationnels et un manque de compétences numériques… En bref, l’étude souligne assez largement les nombreux freins qui demeurent quant à la perception d’employabilité des seniors.
* Enquête AlterNego réalisée en ligne du 15 janvier au 15 février 2023 auprès de 10 205 salariés de 45 ans et plus en emploi. Non-managers : 66 %. Managers : 34 %. Hommes : 54 %. Femmes : 46 %.
** Baromètre « Les seniors et l’accès à l’emploi » mené par Ipsos pour l’association À Compétence Égale, qui lutte contre les discriminations en entreprise, réalisée en juillet 2022 auprès de deux échantillons de 500 profils candidats âgés de 40 ans et plus (actifs, salariés, à leur compte ou en recherche d’emploi) et 500 recruteurs, en cabinet de recrutement ou en interne (dirigeants, RH, managers opérationnels…) et publié le jeudi 29 septembre 2022
Conceptrice- rédactrice, conseil en écriture, auteur, biographe, formatrice pour adultes
Après avoir été gérante d’une agence de communication, directrice déléguée d’un hebdomadaire, puis manager commerciale d’une équipe de commerciaux grands comptes, j’en ai eu assez de jongler avec …
- Performer, être en synergie, travailler en mode projet, FYI… Comprendre le poids, le rôle et les subtilités du jargon corpo !Publié le 26/02/2024
- Compétition ou coopération : laquelle impulser dans l’équipe ?Publié le 21/11/2023
- Management : trois idées reçues auxquelles la crise sanitaire a tordu le cou !Publié le 21/11/2023
- Représentation des salariés au sein des CA... Où en sommes-nous quatre ans après la loi Pacte ?Publié le 24/10/2023
- Le « brown-out » : la perte de sens dans son travailPublié le 24/10/2023