Abandon de poste : la présomption de démission est validée par le Conseil d’Etat
Temps de lecture : 4 min

Un salarié qui abandonne volontairement son poste de travail va toujours pouvoir être présumé démissionnaire. Le Conseil d’Etat a rejeté les demandes d’annulation du décret qui a mis en œuvre la présomption de démission. Il demande toutefois que le salarié soit bien informé des conséquences de son absence injustifiée.
Abandon de poste : comment faire valoir la présomption de démission ?
La prĂ©somption de dĂ©mission a Ă©tĂ© mise en place par la loi sur le marchĂ© du travail en dĂ©cembre 2022. Mais la mesure est entrĂ©e en vigueur le 19 avril 2023 suite Ă la publication d’un dĂ©cret d’application.Â
Ainsi, depuis cette date, tout salariĂ© qui abandonne volontairement son poste et qui ne reprend pas le travail après avoir Ă©tĂ© mis en demeure peut ĂŞtre prĂ©sumĂ© dĂ©missionnaire.Â
Mais avant de considĂ©rer le salariĂ© comme dĂ©missionnaire, vous devez constater qu’il a abandonnĂ© volontairement et sans justification son poste de travail. Pour cela, vous devez le mettre en demeure de justifier son absence et de reprendre son poste dans un certain dĂ©lai.Â
Notez le
Le dĂ©lai accordĂ© au salariĂ© pour reprendre son poste est de 15 jours minimum. Il est dĂ©comptĂ© en jours calendaires et court Ă compter de la première prĂ©sentation de la mise en demeure.Â
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Abandon de poste : comment faire valoir la présomption de démission ?
La prĂ©somption de dĂ©mission a Ă©tĂ© mise en place par la loi sur le marchĂ© du travail en dĂ©cembre 2022. Mais la mesure est entrĂ©e en vigueur le 19 avril 2023 suite Ă la publication d’un dĂ©cret d’application.Â
Ainsi, depuis cette date, tout salariĂ© qui abandonne volontairement son poste et qui ne reprend pas le travail après avoir Ă©tĂ© mis en demeure peut ĂŞtre prĂ©sumĂ© dĂ©missionnaire.Â
Mais avant de considĂ©rer le salariĂ© comme dĂ©missionnaire, vous devez constater qu’il a abandonnĂ© volontairement et sans justification son poste de travail. Pour cela, vous devez le mettre en demeure de justifier son absence et de reprendre son poste dans un certain dĂ©lai.Â
Notez le
Le dĂ©lai accordĂ© au salariĂ© pour reprendre son poste est de 15 jours minimum. Il est dĂ©comptĂ© en jours calendaires et court Ă compter de la première prĂ©sentation de la mise en demeure.Â
La mise en demeure est transmise par lettre recommandĂ©e ou par lettre remise en main propre contre dĂ©charge.Â
Sachez que si le salariĂ© invoque un motif lĂ©gitime dans le dĂ©lai exigĂ©, vous ne pouvez pas utiliser la prĂ©somption de dĂ©mission.Â
Bon Ă savoir
Le décret du 17 avril 2023 établit une liste non exhaustive de motifs légitime. Il cite notamment :
- les raisons médicales ;
- l’exercice du droit de retrait ;
- l’exercice du droit de grève ;
- le refus d'exécuter une instruction contraire à une réglementation ;
- la modification du contrat de travail Ă l'initiative de l'employeur.
Abandon de poste : préciser les conséquences de l’absence de reprise dans la mise en demeure
Il faut savoir que le Conseil d’Etat (CE) a été saisi de plusieurs demandes d’annulation de ce décret notamment par la CGT- FO, le syndicat Alliance plasturgie et le Cercle Lafay.
Ces derniers ont Ă©galement demandĂ© l’annulation pour excès de pouvoir du questions-rĂ©ponses du ministère du Travail, publiĂ© le 18 avril 2023 sur son site Internet.Â
Concernant le décret, le CE rejette les demandes d’annulation. En effet, il relève, dans un premier temps, que le décret fixe seulement les modalités d’application de la présomption de démission. Il ne faut donc pas regarder ce décret comme un projet de réforme qui, dans ce cas, aurait dû faire l’objet d’une concertation préalable (avec les/des) partenaires sociaux.
De plus, le CE considère que le dĂ©cret ne remet pas en question le respect des garanties prĂ©vues par la convention internationale du travail n° 158 sur le licenciement. En effet, cette convention couvre la rupture du contrat de travail Ă l’initiative de l’employeur et non les cas de dĂ©mission.Â
Notez le
Le Conseil d’Etat souligne également que l’abandon de poste n'est pas volontaire en cas de motif légitime et donc, dans ces situations, la présomption de démission ne joue pas.
Il note Ă©galement que l’envoi de la mise en demeure permet de s’assurer du caractère volontaire de l’abandon de poste puisque le salariĂ© dispose d’un dĂ©lai pour justifier son absence ou reprendre son travail.Â
Dans sa dĂ©cision rendue le 18 dĂ©cembre 2024, le CE demande toutefois une prĂ©cision qui n’est pas imposĂ©e explicitement par le dĂ©cret. Il juge que le salariĂ© doit ĂŞtre informĂ©, lors de sa mise en demeure, des consĂ©quences de l’absence de reprise du travail sans motif lĂ©gitime. Sans cette information, la dĂ©mission du salariĂ© ne pourra pas ĂŞtre prĂ©sumĂ©e.Â
Face à une absence injustifiée, en cas de mise en demeure, il est dorénavant important de bien préciser les conséquences d’une absence sans motif légitime et d’une non-reprise de travail.
Notez le
Concernant le questions-réponses du ministère du Travail, le CE constatant que la partie litigieuse avait été retirée du site Internet en juin 2023, n’a pas statué sur cette demande. Reste à savoir si dans une situation d’abandon de poste, il est possible d’engager une procédure de licenciement au lieu d’appliquer la présomption de démission comme l’entendait l’imposer le ministère du Travail.
Conseil d’Etat, 1re et 4e chambres réunies, 18 décembre 2024, n° 473640, 473680, 474392, 475097, 475100, 475194 (le CE rejette la demande d’annulation du décret sur la mise en œuvre de la présomption de démission en cas d’absence injustifiée)
Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot
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