Les risques psychosociaux, angle mort de l’absentéisme

Publié le 26/07/2023 à 09:41 dans Risques psychosociaux.

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Une enquête croisée de l’Ifop et du groupe Diot-Siaci, lequel a mis en place un observatoire de l’absentéisme au travail, montre que plus de 60 % des salariés estiment exercer un métier susceptible d’avoir un impact négatif sur leur santé mentale. Les situations de stress, une charge de travail trop importante ou le manque de reconnaissance sont les principaux motifs évoqués.

Pour limiter les dépenses imputables aux indemnités journalières de Sécurité sociale, le Gouvernement a annoncé en juin dernier vouloir lutter contre les arrêts maladie, en particulier les arrêts maladie supposés de complaisance. Le motif invoqué est une hausse sensible des arrêts maladie depuis quelques années, en particulier chez les plus jeunes.

L’observatoire de l’absentéisme mis en place par Diot-Siaci a suivi l’évolution au cours des quatre dernières années du taux d’absentéisme sur un périmètre de 660 000 salariés en 2022. Premier constat : le pourcentage de salariés absents au moins une fois dans l’année atteint effectivement « un niveau historique » et progresse particulièrement chez les jeunes de moins de 35 ans.

Des arrêts plus courts et plus fréquents

En 2022, le taux global d’absentéisme est en hausse par rapport à 2021 et s’élève à 5,64 % contre 4,94 % l’année précédente. Le taux d’absentéisme a augmenté de 16,8 % pour les femmes entre 2019 et 2022 et de 17,6 % pour les hommes. Cette hausse est liée à l’augmentation du nombre de salariés absents au moins une fois au cours de l’année.

Les arrêts maladie des salariés sont aussi plus fréquents et plus courts. La durée moyenne des arrêts maladies a diminué de 22,4 % entre 2021 et 2022, elle est passée de 21,4 à 16,6 jours. Le taux d’absentéisme lié aux arrêts compris entre 4 et 9 jours a plus que doublé entre 2021 et 2022.

Autre élément d’information, l’évolution du taux d’absentéisme diffère selon la catégorie socio-professionnelle concernée. Entre 2019 et 2022, l’absentéisme a le plus augmenté chez les ouvriers (+30,9 %) et les employés administratifs (+27,1 %), suivis par les professions intermédiaires (+15,4 %) et les cadres (+8,6 %). Mais entre 2021 et 2022, l’absentéisme des cadres a toutefois augmenté de 20,9 %.

Une observation dans tous les secteurs d’activité

Les données de l’observatoire montrent que la hausse de l’absentéisme est observable quel que soit le secteur d’activité.

Dans l’industrie par exemple, le taux d’absentéisme est en forte hausse avec 5,10 % en 2022 contre 4,24 % en 2019. La proportion de salariés absents a fortement augmenté entre 2021 et 2022 (50 % en 2022 contre 35 % en 2021) et la durée moyenne des arrêts a beaucoup baissé (16,4 jours en 2022 contre 21,5 en 2021).

Dans le secteur de la santé, le taux d’absentéisme est passé de 7,87 % en 2019 à 8,68 % en 2022. La durée moyenne des arrêts a diminué comme pour l’ensemble des secteurs d’activité (23,9 jours en 2022 contre 30,7 en 2021), mais la proportion de salariés absents est en hausse sur la même période (44 % en 2022 contre 37 % en 2021).

Des liens avec les conditions de travail et le stress

En partenariat avec Diot-Siaci, l’Ifop a mené une enquête auprès d’un échantillon représentatif de 3005 salariés dont 1303 salariés ayant été arrêtés au moins 1 jour au cours de l’année 2022. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne en mars 2023.

Sans toutefois démontrer de façon scientifique une relation de cause à effet, cette enquête conjointe de l’Ifop et Diot-Siaci signale que plus d’un salarié sur deux considèrent que les conditions d’exercice de leur métier affectent leur santé mentale et physique.

Ainsi, 62 % des personnes interrogées déclarent exercer un métier susceptible d’avoir un impact négatif sur leur santé mentale, 52 % déclarent que leur métier peut avoir un effet délétère sur leur santé physique. Parmi les motifs impactant le plus leur santé mentale figurent les situations de stress (pour 67 % des personnes interrogées), une charge de travail trop importante (51 %) ou encore un manque de reconnaissance (46 %).

Pour 32 % des salariés arrêtés, le motif d’arrêt de travail évoqué est une « grande fatigue ». Les arrêts maladie semblent à ce titre représenter un moyen pour les salariés de récupérer pour tenir au travail.

Seulement un tiers des salariés interrogés estime que les managers de leur entreprise sont suffisamment sensibilisés aux risques psychosociaux. La grande majorité des salariés sont en attente d’actions de formation et de prévention de l’entreprise en matière de santé au travail, que ce soit sur la prévention des troubles musculo-squelettiques ou des RPS.

L’étude précise que l’absentéisme pour des raisons autres que la santé est en recul. Il concerne 16 % des salariés arrêtés en 2022, soit 7 points de moins qu’en 2021. Concernant l’absentéisme dit « de complaisance », 2 % des salariés déclarent avoir été arrêtés en 2022 pour convenance personnelle ou à la suite de congés refusés.


Les résultats de l’observatoire de l’absentéisme à télécharger : https://entreprise.diot-siaci.com/nos-publications/ressources-humaines/observatoire-absenteisme-2023/
Résultats de l’enquête croisée Ifop/Diot-Siaci : https://www.ifop.com/publication/barometre-de-labsenteisme-au-travail-2eme-vague/