Les apports de la psychologie positive

Publié le 20/02/2024 à 08:00 dans Risques psychosociaux.

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La psychologie positive s’intéresse principalement à la santé et au bien-être, à ce qui rend les humains résilients, heureux, optimistes, plutôt qu’aux origines des pathologies. Son objectif est de promouvoir l’épanouissement et l’accomplissement de soi au niveau individuel, groupal et social.

Naissance de la psychologie positive

Le terme de psychologie positive apparaît à travers le courant de psychologie humaniste, notamment au travers des écrits de Karl Rogers (1959) et Abraham Maslow (1968), dans son livre Motivation and Personality dont le dernier chapitre s'intitule « Vers une psychologie positive ».

Elle désigne une discipline de la psychologie fondée officiellement en 1998 lors du congrès annuel de l'American Psychological Association (association américaine de psychologie) par son président de l'époque, Martin E. P. Seligman. Ce dernier a déclaré que la psychologie avait consacré trop exclusivement ses efforts sur la maladie mentale, négligeant l'autre extrémité du continuum autrement dit le fonctionnement optimal, le sens, le plaisir et le bonheur. Par ses arguments et son influence, Seligman a ouvert la voie à de nombreuses recherches dédiées à mieux comprendre la nature et les déterminants de l’épanouissement humain.

DĂ©finition de la psychologie positive

La psychologie positive s’intéresse surtout à la santé et au bien-être, à ce qui rend les humains résilients, heureux, optimistes, plutôt qu'aux origines des pathologies. L'hypothèse de la psychologie positive est qu'en étudiant pourquoi et comment certains animaux et certaines personnes surmontent mieux que d'autres les difficultés de la vie, il sera possible de trouver des moyens de développer ces qualités chez tout un chacun.

Son objectif est de promouvoir l’épanouissement et l’accomplissement de soi au niveau individuel, groupal et social.

La psychologie positive "étudie ce qui donne un sens à la vie", selon son fondateur, Martin E. P. Seligman. C'est l’étude des forces, du fonctionnement optimal et des déterminants du bien-être.

Selon ces auteurs contemporains, Sheldon, Fredrickson, Rathunde, Csikszentmihalyi, et Haidt, en 2000, la psychologie positive est « l’étude scientifique du fonctionnement humain optimal ». Elle vise à découvrir et promouvoir les facteurs qui permettent aux individus et aux communautés de prospérer. Le mouvement de la psychologie positive représente un nouvel engagement de la part des chercheurs en psychologie pour concentrer leur attention sur les sources de la santé psychologique, allant ainsi au-delà de l’accent porté jusque-là sur la maladie et les troubles psychologiques.

La psychologie positive a rapidement connu un franc succès auprès du grand public. Elle offre de nombreuses pistes de développement de soi sur des thèmes divers et universels (joie de vivre, succès, plaisir, sens, sentiment d’utilité, estime de soi et bien être).

Cependant, les détracteurs de la psychologie positive, ainsi que les sceptiques, sont nombreux. La psychologie positive peut faire l'objet de critiques sur le plan éthique (réappropriation de concepts, de théories et de méthodes déjà existants dans d'autres disciplines de la psychologie ou dans le domaine des soins spirituels, sur le plan théorique (la dichotomie entre les processus négatifs et positifs étant vue comme trop réductrice et erronée) et sur le plan de son efficacité thérapeutique (leurs méthodes sont-elles vraiment nouvelles, et sont-elles plus performantes que des méthodes thérapeutiques déjà existantes et validées?).

Distinction entre la psychologie positive et la « pensée positive »

La « psychologie positive » et la « pensée positive » ont des origines tout à fait différentes. La psychologie positive est un domaine de la psychologie, reconnu et développé par des psychologues professionnels, qualifiés. Le domaine se construit sur la base des recherches scientifiques publiées dans des revues révisées par les pairs (donc conformes aux pratiques acceptées dans la communauté scientifique).

En revanche, le concept de « pensée positive » repose plutôt sur des ouvrages populaires, il n’est pas validé scientifiquement.

Par exemple, « la puissance de la pensée positive » paru en 1952 est un reconnu comme étant un classique du genre dont l’auteur, Norman Vincent Peale, était un pasteur protestant. « Le secret » constitue un autre exemple plus récent d'ouvrage populaire, écrit par Rhonda Byrne, une productrice de télévision. Ces ouvrages ont eu un immense rayonnement, mais n’ont aucun fondement solide en psychologie scientifique.

Certaines critiques de la psychologie positive seraient attribuables à cette confusion entre la psychologie positive et la « pensée positive ». Le Positive Psychology Center de l'Université de Pennsylvanie précise au grand public pour dissiper la confusion entre ces deux concepts :

« La psychologie positive ne doit pas être confondue avec une psychologie naïve qui annihilerait tout sentiment de blues et d’inquiétude. (…) Elle n’est donc pas une méthode Coué d’auto-persuasion selon laquelle « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ».

Applications pratiques de la psychologie positive

Les applications potentielles de la psychologie positive comprennent :

  1. Améliorer l’éducation des enfants en faisant une plus grande utilisation de la motivation intrinsèque, l’affect positif, et la créativité au sein des écoles
  2. Améliorer la psychothérapie en développant des approches qui mettent l’accent sur ​​l’espoir, le sens et l’auto-guérison
  3. Améliorer la vie de famille grâce à une meilleure compréhension de la dynamique de l’amour, la générativité, et l’engagement
  4. Amélioration de la satisfaction au travail tout au long de la vie en aidant les gens à trouver une implication authentique, à multiplier leur expérience des états de flux, et apporter des contributions significatives dans leur travail
  5. Améliorer le caractère moral de la société par une meilleure compréhension et promouvoir l’impulsion spirituelle chez les êtres humains.
  6. Amélioration des organisations et des sociétés en découvrant les conditions qui renforcent la confiance, la communication et l’altruisme entre les personnes

Les principes de la psychologie positive sont donc exportables dans tous les domaines de la vie, privée mais également professionnelle, avec pour objectif de favoriser l’entraide, la collaboration, l’altruisme, la communication et le bien être des individus dans leurs diverses sphères de vie.

Clémence Ruelle

Consultante psychologue du travail

Psychologue du travail, ergonome et titulaire d'un DESS de Conseil en Management obtenu à Montréal, Clémence Ruelle intervient en tant que consultante psychologue du travail sur des sujets relatifs …