Baromètre 2025 : les RH au quotidien
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Les Editions Tissot et Payfit ont réalisé pour la 8ème année consécutive une enquête auprès de 829 professionnels des RH, afin de mieux comprendre leur quotidien et ses évolutions. Et cette année, les résultats dévoilent un métier sous tension, tiraillé entre aspirations et réalités.
Un moral en baisse et un manque de reconnaissance persistant : faut-il tirer la sonnette d'alarme ?
Année après année, le constat s’alourdit : les RH sont fatigués, peu reconnus et sous pression. Ils sont 66 % à estimer que leur métier se complexifie toujours plus, sans que les moyens suivent. Ni les salariés ni les directions de leurs entreprises ne semblent pleinement conscients de cette réalité. Pris en étau entre une charge administrative tentaculaire, des tensions budgétaires et des attentes croissantes, les professionnels des RH ont de moins en moins de marge de manœuvre. Pourtant, leur rôle est plus stratégique que jamais, notamment pour répondre aux enjeux d’attractivité, de fidélisation et de bien-être des employés.
Rémunération : la grande oubliée de 2025
C'est un paradoxe frappant : alors que 66 % des RH pensent que les efforts de rĂ©munĂ©ration font partie des attentes fortes des salariĂ©s, la rĂ©alitĂ© est tout autre : les politiques salariales ne suivent plus. Les budgets sont contraints, et la volontĂ© de revaloriser les salaires semble s’être effondrĂ©e. NĂ©anmoins, le recrutement et la fidĂ©lisation des talents restent les prioritĂ©s n° 1 des entreprises.Â
Sans surprise, le recrutement est toujours une mission chronophage (3e place des tâches les plus consommatrices de temps) alors que les RH souhaiteraient lui accorder bien moins d’énergie (9e place dans les souhaits de priorisation). Résultat : des équipes RH confrontées à un marché du travail sous tension et à des attentes salariales grandissantes… Sans réel pouvoir d’action ? Le défi est de taille, d’autant plus que les RH eux-mêmes peinent à obtenir les moyens nécessaires.
Administratif vs QVT : le match inéquitable
2025 confirme un dĂ©calage criant entre les aspirations et la rĂ©alitĂ© du mĂ©tier RH.Â
La QVT est un enjeu en progression clairement affichĂ© : 76 % des RH estiment que les salariĂ©s attendent davantage d’efforts sur la qualitĂ© de vie au travail. Et eux aussi en sont convaincus !Â
C’est simple : s’ils avaient le choix, c’est la mission sur laquelle ils passeraient le plus de temps. Pourtant, la rĂ©alitĂ© est diffĂ©rente : la QVT n’arrive qu’en 7ᵉ position des tâches concrètement effectuĂ©es.Â
Pourquoi un tel Ă©cart ? Probablement parce que les RH sont accaparĂ©s par des sujets plus pressants et chronophages : gestion administrative, recrutement, organisation du travail… Des missions qui, bien que nĂ©cessaires et de plus en plus digitalisĂ©es/automatisĂ©es, ne leur permettent pas d’investir pleinement dans le bien-ĂŞtre des collaborateurs, et qu'ils aimeraient relĂ©guer au second plan.Â
Le risque ? Que les promesses d'amélioration des conditions de travail ne se concrétisent pas, alors qu’elles sont pourtant un levier clé pour la fidélisation des talents.
Digitalisation : l'IA, entre prudence et méfiance
L’intelligence artificielle arrive dans les RH, mais sans rĂ©volution immĂ©diate : seuls 17 % des professionnels disent l’utiliser rĂ©gulièrement, et Ă peine 3 % en font un pilier de leur stratĂ©gie. Un dĂ©marrage timide qui s’explique par plusieurs facteurs. Si le coĂ»t est un frein commun Ă l’ensemble des outils digitaux RH, l’IA souffre surtout d’un dĂ©ficit de confiance.Â
25 % des RH sont encore incertains de son impact rĂ©el, et 10 % la perçoivent comme un risque pour l’avenir de certaines fonctions RH.Â
Mais l’intérêt semble là : 33 % envisagent d’y recourir à court ou moyen terme. Pour accélérer son adoption, les professionnels auront besoin de plus de garanties sur la fiabilité et la transparence des outils.
Des RH en souffrance... jusqu'Ă quand ?
Les RH sont à un tournant. Entre manque de reconnaissance et de moyens, et gestion administrative gargantuesque, ils peinent à concilier les attentes des salariés et les contraintes de l’entreprise. Pourtant, les besoins d’attractivité et de fidélisation n’ont jamais été aussi forts. Les RH semblent toujours prêts à relever ces défis. Pour les atteindre, ils ont besoin qu'on leur donne les moyens de se recentrer sur leurs missions stratégiques et de jouer leur rôle d'architecte du bien-être et de la performance en entreprise.